Pologne: la Première ministre se défend face au Parlement européen

Une semaine l’ouverture par la Commission européenne d’une enquête préliminaire sur la situation politique en Pologne, les eurodéputés se sont à leur tour penchés sur la question ce mardi 19 janvier 2016 en présence de la Première ministre polonaise Beata Szydło.

Devant le Parlement européen, Beata Szydło est restée ferme. Une semaine après l’ouverture par la Commission européenne d’une procédure de sauvegarde de l’Etat de droit, la Première ministre polonaise a rejeté les accusations des Européens et a appelé avec force l’Union européenne à respecter la souveraineté de son pays.

Dans un discours d’introduction se voulant le plus objectif possible, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a promis l’engagement d’un dialogue « basé sur des preuves impartiales et de façon coopérative ». « Nous sommes au début de la procédure du cadre », a-t-il fait valoir, « un cadre qui est une mesure préventive ».

Une Première ministre rassurante

Les parlementaires européens avaient réclamé ce débat dès décembre, après l’annonce de la réforme du Tribunal constitutionnel et des médias publics polonais par le nouveau gouvernement conservateur. Les mesures prises par le gouvernement se font « en respectant la Constitution », la loi et les traités européens, a affirmé Beata Szydlo, qui a assuré que son pays était ouvert au dialogue.

Applaudissant la Première ministre polonaise, les députés eurosceptiques ont dénoncé un débat illustrant, selon eux, l’ingérence de l’Union européenne au sein des Etats membres. « Cette Europe est morte, a affirmé l’un d’eux. Si l’Europe veut se développer, nous devons assurer une autre forme de coopération entre Etats souverains ».

A l’entrée du Parlement, des manifestants polonais pro-gouvernement venus spécialement de Varsovie et de Cracovie ont brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Regarde, UE : la démocratie polonaise se porte bien », « La Pologne n’est pas votre affaire » ou « Soyez respectueux de notre démocratie ». A l’inverse, des opposants venus aussi spécialement à Strasbourg ont dénoncé les « actes antidémocratiques » d’un « pouvoir aux tendances autoritaires », a constaté l'Agence France-Presse.

Inquiétude en Pologne

En Pologne, gouvernement et opposition se désolent d’un triste jour pour le pays. Janusz Lewandowski, eurodéputé libéral, le qualifie même de pire jour pour son pays depuis 2004 et l'adhésion de la Pologne à l'UE, rapporte notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart.

Chaque camp se rejette la faute. Les libéraux accusent les conservateurs d'avoir détruit la réputation de la Pologne en seulement deux mois et de faire comme si de rien était. Ces derniers rétorquent en les accusant de délateurs et en affirmant que le débat était inutile, car il n'y a aucun problème démocratique en Pologne.

De nombreux observateurs s'inquiètent que Beata Szydlo n'était applaudie que par les eurodéputés radicaux et eurosceptiques. Donald Tusk, président du Conseil européen et ancien Premier ministre polonais, estime quant à lui qu'un bon discours ne suffit pas à apaiser les craintes en Europe.

Ryszard Petru, dont le parti pour la modernité est devenu la principale force d'opposition en Pologne, appelle quant à lui à des élections législatives anticipées le plus vite possible. Mais les derniers sondages montrent que si tel était le cas, le parti Droit et Justice l'emporterait à nouveau.

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