Reportage à Düsseldorf en Allemagne, Achim Lippold
Lundi 18 janvier, la Ellerstrasse, une rue derrière la gare de Düsseldorf, a retrouvé son calme. Quelque 300 policiers l'avaient envahie ce week-end et 40 personnes ont été arrêtées. De quoi semer le trouble parmi les habitants, peu bavards dès lors qu'il s'agit de commenter ce coup de filet. « Je n'ai pas de réponse, désolé », nous dit cet épicier. Silence radio ou presque aussi un peu plus loin, dans une autre épicerie. « Je ne dis rien. C'était trop pour les gens ici, mes clients n'aiment pas ça. »
Hors micro, il nous confie cependant ne plus se sentir en sécurité, à cause des vols et des bagarres qui auraient fortement augmenté dans le quartier. Ce que confirme Samy Chachira. Ce travailleur social marocain critique pourtant l'action de la police : « C'était complètement contre-productif. Tous les Maghrébins deviennent des suspects. Ils ont pris les empreintes digitales de tout le monde, même des personnes âgées. Cela détruit du jour au lendemain la confiance qui s'était établie entre ces habitants et la police. »
Depuis les agressions du Nouvel An, la communauté maghrébine se sent stigmatisée. D'autant que la presse locale joue ouvertement sur les peurs : « Düsseldorf est-elle encore une ville sûre ? », titrait un tabloïd local après les perquisitions de ce week-end.