Avec notre envoyée spéciale en Croatie, Florence La Bruyère
Eva Radic est étudiante en arts plastiques. Elle est venue dessiner à Csakovec, au nord de la Croatie, une région qui offre de magnifiques paysages d'automne. C'est aussi par Csakovec que transitent les réfugiés syriens et afghans vers la Slovénie. Eva ne les a pas vus, mais elle est méfiante.
« Je pense que le grand problème, c'est la religion. Moi, je ne suis pas croyante, je suis athée, mais ces gens-là ont une culture totalement différente de la nôtre. Ils ne vivent pas comme nous, ils ne pourront pas s'assimiler en Europe, affirme-t-elle. Et nous, on veut la paix. On ne veut pas de troubles, d'émeutes, de manifestations islamistes... On ne veut pas de ça ici ! »
Robert Simrak, lui, a combattu pendant la guerre en Croatie. Et il a de la compassion pour les migrants. « Ils ne sont pas dangereux, ce sont seulement des réfugiés. Nous, on a connu ça dans les années 1990. Des Croates ont dû se réfugier en Europe. Moi, je pense qu'il faut les aider », dit-il.
Au début des années 1990, la guerre dans l'ex-Yougoslavie a fait 10 000 morts en Croatie et jeté des dizaines de milliers de réfugiés. Aujourd’hui, la majorité des Croates serait d'accord pour accepter un quota de réfugiés sur leur territoire.
■ La Slovénie limite les entrées
Au début de l’actuelle crise migratoire, les réfugiés passaient de la Serbie en Hongrie, puis en Autriche et en Allemagne. Toutefois, la Hongrie vient de se féliciter d’avoir verrouillé ses frontières. Seuls 41 migrants sont entrés dans le pays dimanche, le plus faible chiffre depuis le début de l’année. La Slovénie, elle, a fait savoir qu’elle limitait l’entrée de son territoire à 2 500 migrants par jour.
Les autorités croates sont en colère. Elles demandent à Ljubljana d’en accueillir deux fois plus, et décident, en conséquence, de réduire l’afflux de réfugiés en provenance de Serbie. Ainsi, un goulot d’étranglement s’est formé à la frontière serbo-croate, et plus de 10 000 personnes restaient coincées en Serbie lundi, après avoir traversé la Macédoine durant le week-end. La Croatie en a laissé passer environ 3 000 en fin d’après-midi.
Pour justifier sa nouvelle politique, la Slovénie évoque des restrictions introduites par l’Autriche, qui refuse désormais d’accueillir plus de 1 500 migrants par jour, et qui évoque à son tour de nouvelles limitations en la matière du côté allemand.