La Croatie redirige le flot de migrants vers la Slovénie

Les migrants affluent toujours en Europe de l’Ouest via les Balkans. L’Autriche et l’Allemagne continuent à les accueillir. Mais la Hongrie prône une ligne dure sur ce dossier. Vendredi 16 octobre, elle a fermé sa frontière avec la Croatie, un mois après avoir verrouillé sa frontière avec la Serbie, et réintroduit des contrôles volants sur son territoire.

De notre envoyée spéciale à Cakovec, en Croatie,

Les postes-frontières officiels sont toujours ouverts pour les citoyens munis de documents. La Hongrie et la Croatie étant toutes deux membres de l’Union européenne, on peut passer sans problème en montrant une carte d’identité européenne. Ce qui a été fermé, ce sont les trois points de passage qui avaient été aménagés pour faire passer les migrants entre la Croatie et la Hongrie.

Ces passages étaient situés en pleine campagne et des ouvertures avaient été percées dans la clôture de barbelés, installée par les Hongrois le long de la frontière. Vendredi soir à minuit, des soldats hongrois ont fermé ces dernières ouvertures avec des barbelés.

Contrôles volants en Hongrie

Par ailleurs, la Hongrie a réintroduit des contrôles volants sur son territoire, les postes-frontières entre la Hongrie et la Slovénie avaient été supprimés depuis l'entrée des deux pays dans Schengen. La police hongroise arrête tous les camions et voitures en provenance de la Slovénie, car elle veut voir s'ils ne transportent pas de clandestins. La police est également présente sur les petites routes de campagne, le long de la frontière.

Ces contrôles n'ont pourtant pas vraiment de sens, puisque maintenant les migrants passent directement de la Slovénie à l'Autriche. Leur transport est organisé entre les deux pays. Il y a donc peu de chance qu'ils veuillent clandestinement entrer en Hongrie. Mais le gouvernement hongrois veut surtout montrer que les frontières sont bien scellées et qu'il protège les Hongrois, des migrants qui ressemblent à « une armée », comme l'a déclaré le Premier ministre hongrois, à la radio publique.

Nouvelle route

La conséquence de ces mesures, c'est que le flot des migrants s'est bien détourné vers la Slovénie. La route avait déjà changé une première fois, le 15 septembre dernier, lorsque la Hongrie avait verrouillé sa frontière sud avec la Serbie, empêchant les réfugiés de traverser la Hongrie, le chemin le plus direct vers l’Autriche et l’Allemagne.

Du coup, les autorités serbes les avaient redirigés vers la Croatie. Mais à la mi-septembre, cette dernière n’était pas du tout préparée à gérer cet afflux imprévu. Il y a eu une énorme pagaille et finalement les autorités croates ont redonné le bébé aux Hongrois. Elles ont réacheminé les migrants vers la frontière hongroise. Et là, la police hongroise les a pris en charge et les a transportés en train vers l’Autriche. Mais depuis hier, les autorités croates redirigent le flot des migrants vers la frontière slovène.

Pas de pagaille

Pour l’instant, les choses fonctionnent comme sur des roulettes. Mohammad, un réfugié syrien, est arrivé samedi matin en Croatie. Il savait par les réseaux sociaux que la frontière hongroise était fermée. Mohammad et sa famille ont passé quelques heures dans un premier centre d’accueil en Croatie, où ils ont pris un repas, et reçu des vêtements de rechange. Puis, ils ont été acheminés en train et en bus à la frontière slovène où ils sont arrivés le soir même à 19 heures.

Les policiers slovènes les ont accueillis avec des interprètes dans une grande tente où l’ambiance était détendue. De la nourriture, des vêtements et des jeux pour les enfants ont été distribués. La police les a enregistrés et les a transportés en autocar - un voyage d’une heure - à Sentil, un camp d’hébergement, proche de la frontière autrichienne, où ils passeraient la nuit. La Slovénie a provisoirement interrompu le trafic ferroviaire avec la Croatie pour mieux gérer le flux des réfugiés et les transporter en train le cas échéant.

Donc tout cela est bien organisé. Cette fois, la Hongrie a annoncé à l’avance la fermeture de sa frontière. La Croatie et la Slovénie ont eu deux semaines pour se préparer. La Slovénie s’est bien organisée, elle est prête à accueillir 8 000 personnes par jour. Mais elle a laissé entendre que tout peut changer le jour où l’Allemagne et l’Autriche fermeront leurs portes aux réfugiés. Elle en fera peut-être autant.

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