Des milliers de rassemblements ont eu lieu dans tout le pays ce lundi, que ce soit pour les funérailles des victimes du double attentat d’Ankara ou pour des marches ou des veilles de protestation, le plus souvent spontanées, rapporte notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion. Des milliers de personnes sont ainsi descendues dans les rues pour condamner cet attentat et pour dénoncer les violences pré-électorales d’une manière générale.
Des rassemblements ont aussi été organisés par les travailleurs en grève, sous forme de sit-in ou de débrayage sur leur lieu de travail. Cette grève générale, appelée par les syndicats de gauche est particulièrement suivie, explique notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Dans certaines universités, les étudiants ont boycotté les cours. Parfois, les recteurs ont tout simplement annulé les activités de la journée. Certaines municipalités et certains arrondissements d'Istanbul ont emboîté le pas en mettant la clé sous la porte, jusqu'à la fin de la grève qui doit durer deux jours. Dans certaines villes du sud-est à majorité kurde, les commerçants ont baissé leur rideau.
Bien souvent, surtout dans le sud-est du pays où est instauré un état d’urgence de fait, la police a réprimé ces rassemblements, dispersant brutalement la foule et tirant même parfois à balles réelles, comme à Diyarbakir, où une petite fille a été tuée.
Colère contre le gouvernement
Tous veulent dire non au terrorisme, non à la répression policière et non à la peur. Dans l’ensemble, ces rassemblements se voulaient pacifiques et chacun y arborait un petit nœud noir sur la poitrine en signe de deuil. Néanmoins, les slogans visant Recep Tayyip Erdogan et sa politique de tension et de confrontation étaient de bon ton.
Chez les grévistes, la colère était elle-aussi canalisée contre le gouvernement turc, jugé négligent voire responsable des explosions à Ankara.
A trois semaines des élections législatives anticipées, dont le Premier ministre Ahmet Davutoglu a confirmé la tenue, le pays est sous tension, à tel point que le parti pro-kurde HDP, visé par l'attentat de samedi, a annulé pour des raisons sécuritaires tous ses meetings politiques jusqu'à la fin de la campagne.