Fanfares et confettis, les fins de campagne électorale sont toujours très joyeuses au Portugal. Mais les appels au vote et à la victoire sont teintés de pessimisme. Les Portugais sont déçus, rapporte notre correspondante à Lisbonne, Marie-Line Darcy. « Je ne suis pas très intéressé. Les politiques sont discrédités. Ils disent une chose et en font une autre », avoue José Ribeiro, ouvrier. Certains sont plutôt dans une logique protestataire. « On va voter, mais on va voter blanc parce qu’on en a marre, on en a marre de se faire voler. »
Les sondages indiquent 37 % des intentions de vote pour la droite, contre 33 % pour le Parti socialiste (PS). Les Portugais seraient prêts à maintenir au pouvoir l’équipe qui a conduit l’austérité pendant quatre ans. « Dans notre profession, nous pensons que le pire est déjà passé, et cela est en faveur du gouvernement », estime José Manuel Fernandes, directeur du journal centriste Observador. Aucun des deux grands blocs ne devrait obtenir la majorité absolue. Et pour gouverner, il faudra négocier des alliances.
Une population désabusée
Au Portugal, malgré quatre ans de sacrifices, les favoris des élections législatives restent donc les partis traditionnels. La coalition de droite, d'abord. C'est elle qui applique l'austérité depuis quatre ans. Elle a réduit le nombre de fonctionnaires, diminué leurs salaires, baissé les pensions de retraite et augmenté les impôts. Les socialistes, ensuite. Quand le Portugal était au bord de la faillite en 2011, c'est le PS, alors au pouvoir, qui a demandé l'aide de l'Union européenne et du FMI, en échange de mesures draconiennes.
Aujourd'hui, le leader socialiste, Antonio Costa, promet de « tourner la page de l'austérité ». Mais le Premier ministre sortant, de droite, Pedro Passos Coelho, défend son bilan. Il souligne que la croissance a enfin repris en 2014 après trois ans de récession. Le chômage a baissé, à environ 12 %. Mais après des années de restrictions, une partie de la population est désabusée : un habitant sur cinq vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté. Et le Portugal connait sa plus grande vague d'émigration depuis les années 1960.