A l'actif du gouvernement, il y a des résultats tangibles en termes macro-économiques, des bons chiffres salués par les experts du FMI. La réduction du déficit public par exemple. Il sera cette année inférieur à 3 % de son produit intérieur brut (PIB), une vraie prouesse pour un pays aussi endetté. La croissance qui a montré le bout de son nez en 2014 après trois ans de récession va se confirmer cette année. Autre bonne nouvelle, la décrue du chômage : il a culminé à 17 %, il est retombé à 11 %. Du côté des entreprises, cela va aussi de mieux en mieux, l'investissement est en forte hausse et le commerce extérieur du Portugal se redresse.
Avec la réduction du coût du travail, les entreprises sont redevenues compétitives. Les exportations vers la Chine vers le Brésil sont en hausse, le solde de la balance des comptes courants est même légèrement positif en 2014.
Cette embellie est réelle mais la population n'en ressent pas les effets
Le pays n'a pas retrouvé l'aisance des années d'avant la crise. Il en est même très loin. Le produit intérieur brut du Portugal est inférieur de 7 % à son niveau de 2008. Concrètement cela signifie que la population s'est considérablement appauvrie. Un Portugais sur cinq est passé en dessous du seuil de pauvreté. Un million de Portugais se privent pour boucler les fins de mois.
Avec l'austérité, les salaires, les prestations sociales ont baissé, mais la dette des ménages n'est pas encore purgée. Celle de l'Etat non plus d'ailleurs. Elle représente 130% du produit intérieur brut, un niveau excessif au regard des capacités réelles de l'économie. Entreprise, ménage, Etat confondu, l'endettement représente quatre fois la richesse produite en une année.
Grâce à l'assouplissement monétaire pratiqué par la Banque centrale européenne, les taux sont extrêmement bas
Un bienfait appréciable, mais jusqu'à quand ? Au moindre relèvement des taux, le Portugal pourrait voir sa dette s'envoler à un niveau bien supérieur, une bonne partie de ses 4 ans d'efforts seraient alors réduits à néant. Et puis les réformes douloureuses entre autres du marché du travail n'ont pas encore abouti à une transformation profonde du tissu économique. Ce sont surtout des facteurs externes qui ont donné un coup de pouce à l'activité.
La baisse du pétrole et de l'euro rendent du pouvoir d'achat au ménage et de la compétitivité aux entreprises exportatrices
Mais si cet environnement se dégrade, la reprise pourrait très vite s'essouffler. Une autre menace démographique assombrit ce bilan très mitigé de l'austérité : 500 000 Portugais, souvent les plus jeunes, les plus qualifiés, sont partis tenter leur chance à l'étranger pour échapper au chômage et au déclassement. Cette hémorragie fragilise et l'économie et la protection sociale, car la population active décroit tandis que le nombre des retraités augmente.
♦ En bref dans l'actualité économique
L'Inde compte sur les énergies renouvelables pour réduire ses émissions de carbone
Un choix à relativiser, car New Delhi envisage de s'alimenter avec une électricité à 40 % issue du renouvelable d'ici 2030, sans renoncer pour autant au charbon. Les centrales au charbon doubleront d'ici 2020. La contribution indienne aux efforts demandés à tous les Etats dans le cadre de la COP 21 a été présentée cette nuit aux Nations unies. L'Inde est le troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine et les Etats-Unis.