Un singulier «tourisme électoral» en Bulgarie

La Bulgarie entre en période électorale. La campagne pour les municipales d'octobre a été officiellement lancée vendredi 25 septembre. A l'occasion de ce scrutin, on observe d'importants déplacements internes d'électeurs : il s'agit d'une certaine forme de « tourisme électoral ».

En Bulgarie, certains électeurs déménagent pour pouvoir voter dans la commune de leur choix. Selon la législation bulgare, il faut habiter dans une commune donnée pendant six mois pour pouvoir y voter lors des municipales. En Bulgarie, les changements d'adresses au début de l'année, jusqu'en mai, date butoir pour avoir le droit de vote aux municipales sont nombreux. Au fur et à mesure de cette grande migration interne, il y a eu des cas extraordinaires. Par exemple, dans un village au nord-ouest, dix personnes se sont retrouvées dans une maison qui n'a que des fondations. Il n'y a donc pas de chambre, ni de salle de bains. Dans un autre village au sud-ouest, une trentaine de personnes étaient inscrites à la même adresse, alors que les propriétaires réels de la maison n'en avaient jamais entendu parler.

Un phénomène à grande échelle

Selon les données publiées par le ministère de l'Intérieur, c'est surtout l'ouest du pays qui est touché. Ces déménagements de dernières minutes ont lieu dans des petites communes. Aucune grande ville n'est sur la liste des territoires qui ont perdu ou gagné un nombre d'habitants hors-norme. En tout, 180 000 personnes auraient changé d'adresse juste à temps pour les élections, ce qui correspond à environ 2,5% de la population du pays. Ce phénomène s'inscrit par ailleurs dans une longue lignée de manipulations électorales en Bulgarie, comme par exemple l'achat de voix (qui coûte entre 25 et 50 euros, d'après les journalistes), ou encore les listes d'électeurs fantômes, c'est-à-dire des personnes décédées ou des expatriés qui sont inclus dans les résultats sans avoir voté. On parle beaucoup de ce genre de manipulation en période électorale, que ce soit dans les médias ou dans l'espace public. Les Bulgares ont donc plus ou moins l'habitude de ces phénomènes.

Réactions des autorités bulgares

Les autorités ont en tout cas avoué que le problème existe, qu'il est bien réel. A partir de là, prévenir un changement d'adresse est difficile, puisque ce n'est pas illégal : les gens ont le droit de déménager. Le Parlement a tout de même adopté une nouvelle législation plus stricte pour gérer le phénomène et le ministère du Développement régional a lancé des inspections sur le terrain. Des irrégularités n'ont été constatées que dans 1 700 cas de changements d'adresse, autant dire une goutte d'eau dans l'océan. Cette forme de tourisme électoral existe depuis des années en Bulgarie, mais cette fois-ci, il est de plus en plus important. Cet accroissement est peut-être lié à l'apathie politique des Bulgares. Le taux de participation n'excède que rarement les 50%, C'est le grand fléau de la politique ici, puisque le faible engagement des électeurs attribue plus d'importance aux manipulations, qui peuvent réellement influer sur les résultats.
 

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