Avec notre correspondante à Moscou, Veronika Dorman
Comme dans un film d’espionnage sur la guerre froide, quatre hommes se sont rencontrés brièvement au milieu d’un pont dénudé à la frontière entre la Russie et l’Estonie. Ces images diffusées par la télévision russe montrent l’échange de l’agent du contre-espionnage estonien Eston Kohver contre Aleksei Dressen, un ancien responsable de la sécurité estonienne emprisonné depuis 2012 pour avoir espionné au profit de Moscou.
Kohver a été condamné il y a un mois à 15 ans de prison par un tribunal russe. Il y a un an, le FSB l’arrêtait en Russie, équipé pour une importante mission d’espionnage. Mais cette version des faits a toujours été niée par les autorités estoniennes qui affirment que Kohver a été enlevé en Estonie et conduit de force dans une prison russe.
Cette arrestation, dénoncée par Bruxelles et Washington, avait alarmé Tallin. Sur fond de crise ukrainienne, elle avait été perçue comme un signe de mauvais augure, le début d’une confrontation ouverte avec la Russie, dont les pays baltes redoutent particulièrement les velléités impérialistes.
La remise en liberté d’Eston Kohver advient comme une surprise. Et ne manque pas d’être interprétée comme un geste d’apaisement de la part de Moscou, deux jours avant l’intervention de Vladimir Poutine devant l’assemblée générale de l’ONU.