Avec notre envoyé spécial à Nickelsdorf, Stéphane Lagarde
La frontière allemande est-elle fermée ? L'interruption des trains entre Salzbourg (Autriche) et Munich (Allemagne) est une information qui a visiblement circulé sur les téléphones portables. Mais l’inquiétude est de courte durée, car pour la plupart de ces migrants, le passage de la frontière autrichienne est déjà un immense soulagement.
Deux petites filles de 2 et 3 ans rigolent. Venues d’Irak avec leurs parents, elles viennent de recevoir une peluche de la Croix-Rouge autrichienne. Sourire aussi de ce jeune couple syrien, Mohamed et Rima, autour d’une soupe servie dans un bol en plastique. « Nous avons traversé la Hongrie en train pendant deux jours, et nous n’avons rien trouvé à manger ou à boire. Là, on ne sait pas ce qu’on mange, mais au moins on mange, ça ne peut être que bon. »
« Tout le monde aura de la place dans les bus ! », s’époumone un soldat dans son hygiaphone. En petits groupes, les migrants attendent sagement leur tour. Repas, brossage de dents, jeux avec les plus jeunes à même la chaussée ; un ballet incessant de cars assure le relais jusque dans les centres d’accueil. Et pour beaucoup ici : le même chapelet de pays traversés, le même parcours, et la même destination rêvée. « De Damas, nous avons rejoint la Turquie, puis la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Hongrie et maintenant l’Autriche. » Pour aller où ? « En Allemagne ! »
L’Allemagne, une évidence pour ces jeunes réfugiés syriens, même si les bénévoles ne cessent de leur répéter que d’autres pays en Europe sont prêts à les accueillir.
■ Une fois en France...
A travers les déserts et la mer, parfois séparés de leur famille, l'exode des réfugiés se fait souvent au péril de leur vie. Chacun d'eux à un parcours différent. RFI a pu rencontrer des réfugiés parvenus à Cergy-Pontoise, en banlieue parisienne, dans un centre d'accueil.
Bdouaid Armane Raji est Syrien. A 36 ans, il a quitté son pays et est arrivé en France il y a deux semaines. « J'ai dû laisser ma famille au Kurdistan en Irak. La route était trop dangereuse pour eux. Moi, j'ai mis un mois et demi. Ça m'a coûté 7 000 euros. J'arrive à avoir des nouvelles de ma femme par Internet. Je suis aussi ce qu'il se passe en Syrie. Et je ne pense vraiment pas que la situation va s'améliorer. »
Gaelan Hotman, lui, a 24 ans. Ce réfugié irakien, ancien fonctionnaire au ministère de la Défense à Bagdad, a bien l'intention de faire sa vie en France : « j'ai été accueilli par François Hollande à mon arrivée. Après vingt-deux jours de marche, il m'a dit que je pouvais rester ici, et que j'obtiendrai ma carte de séjour. C'était un très bon accueil. J'aimerais devenir coiffeur en France. Alors je vais commencer par étudier la langue puis après je travaillerai ici. »
Ils le savent, rien n'est encore gagné. Mais en arrivant en France, tous ont l'impression que le plus dur est maintenant derrière eux.