Migrants: les néo-nazis allemands réapparaissent à Munich

Ces derniers jours, on ne les avait pas entendus à Munich : les néo-nazis et leurs propos xénophobes. Face à l’immense élan de solidarité de la population envers les dizaines de milliers de réfugiés arrivés dans la ville, ils s’étaient tus. Mais dès que la décision de Berlin de contrôler à nouveau les frontières allemandes a été connue, ils sont réapparus dans le paysage urbain.

Avec notre envoyée spéciale à Munich, Stefanie Schüler

Ils arrivent à la tombée de la nuit. Trois jeunes hommes, la vingtaine, veste noire et coupe nazie. « Seulement 1,5% des demandeurs d’asile sont victimes de persécutions politiques », clame l’un d’eux, devant les tentes dédiées aux premiers examens médicaux des réfugiés à la gare de Munich.

La provocation fonctionne. Un jeune bénévole leur répond immédiatement : « Mais tu ne sais rien de ces gens. Tu ne leur a pas parlé ». « Oh si. Je le sais précisément, 40% viennent de la Bosnie, de l’Herzégovine », répond le néo-nazi. « Tu es un gars de l’extrême droite », veut savoir le bénévole. « Exact », répond l’autre. Il affirme que les vrais réfugiés ressemblent à ceux qui sont arrivés depuis la Silésie après la Seconde Guerre mondiale.

Un passant secoue la tête d’un air réprobateur : « Il y en a toujours quelques-uns qui sortent de leurs trous pour créer des paroles racistes. Ceux-là n’ont pas compris la gravité de la situation. Les réfugiés sont en détresse. Il faut les aider ».

La présence des trois néo-nazis fait naître un début d’agitation générale parmi les passants devant la gare. Une douzaine de policiers encerclent rapidement les intrus, mais c’est le bénévole qui aura le dernier mot : « Viens travailler avec nous ici pendant trois jours. Tu verras alors que tout ce que tu racontes, ce ne sont que des conneries ». « Pas d’insultes s’il vous plait », s’insurge le néo-nazi. Et le bénévole de répondre en souriant : « Moi aussi, je ne fais que donner mon opinion ».

Tensions persistantes malgré la baisse du nombre de réfugiés à Munich

La remise en place des contrôles aux frontières allemandes et une suspension temporaire du trafic ferroviaire entre l’Autriche et l’Allemagne ont eu comme effet une baisse flagrante du nombre de réfugiés arrivés à Munich. S’ils étaient encore plus de 20 000 ce week-end, moins de 1 000 ont été pris en charge par les structures de la ville lundi 14 septembre.

Pourtant, la situation reste tendue, explique Thomas Baumann. Il est le porte-parole de la police munichoise. « Nous ne sommes pas dans une logique de détente face à la baisse du nombre de réfugiés ce lundi. Nous estimons au contraire que le problème va continuer à s’aggraver, et peu nous importe si le problème se situe à Munich ou apparaît à la frontière avec l’Autriche. C’est au gouvernement fédéral et au niveau européen qu’on doit décider maintenant comment gérer cette crise des réfugiés. Mais en attendant, la police fédérale qui est actuellement déployée à la frontière doit faire preuve de beaucoup de flexibilité. Elle doit gérer l’enregistrement des réfugiés qui pourraient de nouveau arriver massivement. Chaque enregistrement administratif d’un réfugié dure entre 15 et 20 minutes. Donc, imaginez le temps nécessaire quand il y a 11 000 réfugiés. Nous ici à Munich, nous devons en plus relever le défi spécifique que constitue la fête de la bière. Elle commence le week-end prochain. Nous sommes donc doublement exposés. »

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