La conférence de presse des ministres européens s'est terminée à la mi-journée, relate notre correspondant dans la capitale tchèque, Alexis Rosenzweig. Avant leur réunion, intégralement consacrée à la crise migratoire grave que traverse l'Europe, les deux positions semblaient claires et inconciliables autour de la table. Alors, les chefs de diplomatie de ces six pays membres ont une fois de plus tenté de les faire se rapprocher. Mais apparemment, sans grand succès, même si les discussions devraient continuer.
Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Franck-Walter Steinmeier, la crise migratoire actuelle est peut-être « le plus grand défi de l’histoire de l’Europe ». Avant de quitter prématurément la conférence de presse, il a précisé que 40 000 nouveaux migrants étaient attendus en Allemagne rien que pour ce week-end. Pour sa part, son homologue luxembourgeois Jean Asselborn, dont le pays assure en ce moment la présidence tournante de l’Union européenne, a de nouveau réclamé davantage de solidarité.
Mais les quatre pays du groupe dit de « Visegrad » font bloc autour de la République tchèque. Ces nations de l'Europe centrale, qui sont la Slovaquie, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque, demandent en priorité un renforcement des frontières de l’espace Schengen. Ils continuent de rejeter toute idée de quotas migratoires. Car les dirigeants de ces pays sont convaincus que ces quotas ne résoudront rien, les migrants n’ayant pas comme objectif de s’installer dans cette partie de l'Union.
Les pays de l'UE doivent-ils discuter avec les Balkans ?
Tandis que les ministres tâchent d'accorder leurs violons, la Hongrie mobilise déjà son armée. Les autorités ont annoncé qu'elles portaient à 3 800 le nombre de soldats déployés pour renforcer la clôture du pays, et barrer la route des migrants à la frontière serbe. A partir de la semaine prochaine, a promis le ministre Peter Szijjarto depuis Prague, « toute entrée illégale en Hongrie en endommageant l'infrastructure à la frontière sera considérée comme un délit et entraînera une peine de prison ou l'expulsion ».
Il faut dire que jeudi 10 septembre, 3 601 personnes de plus sont parvenues à pénétrer en Hongrie. Un nouveau record, selon le décompte de la police. Budapest insiste donc sur le besoin d'une meilleure compréhension, et d'une meilleure coordination avec les pays européens n'étant pas membres de l'UE sur les questions migratoires. La Hongrie « serait heureuse d'accueillir une conférence sur la coopération » avec « les pays de l'ouest des Balkans », a déclaré le Hongrois Peter Szijjarto, parlant là de la Serbie et de la Macédoine.
Macédoine et Serbie, qui ne sont pas membres de l'Union européenne, constituent actuellement, à partir de la Grèce, les deux portes d'entrée les plus fréquentées par les personnes fuyant le Moyen-Orient par la Turquie en direction de l'UE. La Macédoine est dépassée par les évènements. Elle a connu, jeudi, le plus grand nombre d’entrées de réfugiés sur son territoire depuis le début de la crise. Plus de 7 000 personnes sont arrivées à Gevgelija en 24 heures.
A chaque pays son lot de problèmes migratoires
Jusqu’à présent, la Macédoine avait transporté les migrants jusqu’à la frontière serbe en train ou en bus. Mais le pays est pauvre et se retrouve à la limite de ses capacités de transport. Skopje a déjà bénéficié d’une aide humanitaire européenne pour accueillir les migrants, mais s’est plaint à juste titre de la faiblesse de cette aide par rapport au nombre de personnes à accueillir. Alors, la Macédoine sera-t-elle le prochain pays de la route migratoire des Balkans à construire une barrière pour empêcher les réfugiés de passer ?
L’idée de construire un mur a en tout cas été évoquée jeudi par le ministre des Affaires étrangères du pays, Nikola Poposki, rapporte notre correspondant dans les Balkans, Laurent Rouy. M. Podoski, dans un entretien accordé à un magazine hongrois, assure même que Skopje pourrait aussi décider de déployer l’armée à sa frontière Sud avec la Grèce, ou combiner une barrière et des troupes.
Ce vendredi matin, la police autrichienne a fermé une autoroute, près de la frontière hongroise, pour des questions de sécurité. Des dizaines de réfugiés marchaient à pied sur la chaussée. Trois mille six cents personnes sont entrées en Autriche depuis minuit la nuit dernière. La compagnie ferroviaire autrichienne a par ailleurs coupé ses liaisons ferroviaires avec la Hongrie.