Avec notre envoyée spéciale à Munich,Stefanie Schuler
ce mardi 8 septembre, 5 000 personnes sont arrivées à la gare centrale de Munich. Et cette nuit, entre minuit et 5 h du matin, 2 000 de plus. La plupart d’entre eux sont des Syriens. En début de matinée, un train est arrivé avec 200 hommes, femmes et enfants en bas âge à son bord. Mais après un week-end chaotique, la situation est sous contrôle, ce mercredi matin, assurent la police bavaroise et les bénévoles.
Une armée de bénévoles bien organisée
Les candidats au refuge en Europe sont en effet accueillis par une véritable armée de bénévoles, désormais extrêmement bien organisés. Ce mercredi matin, des dizaines de citoyens commençaient de nouveau à affluer à la gare centrale, apportant des vêtements, des vivres, des crayons de couleur, des bonbons. Certains offrent leur aide, d’autres tout simplement leur sourire à ces étrangers qui arrivent épuisés par le voyage.
Parfois, aussi, des scènes dramatiques se déroulent dans cette gare bondée. Mardi, trois enfants syriens ont perdu connaissance en descendant d’un train en provenance de l’Autriche, ont ainsi rapporté des bénévoles et des policiers. Ces enfants, qui souffraient de déshydratation grave et d’épuisement, ont immédiatement été immédiatement pris en charge par le service pédiatrique de la clinique universitaire de Munich. Des scènes qui pèsent, évidemment, sur les bénévoles. En plus des psychologues déjà mobilisés pour soutenir les réfugiés souvent traumatisés, la municipalité munichoise a donc annoncé la mise en place d’un soutien psychologique dédié spécifiquement aux bénévoles.
L'Etat fédéral absent sur le terrain
Si l’élan de sympathie des habitants est palpable, face à cet afflux, on sent aussi que la ville de Munich est au maximum de ses capacités. Pour soulager la capitale bavaroise, mardi, des trains ont été affrétés par la Deutsche-Bahn (l'entreprise ferroviaire publique allemande) pour transférer environ 2 000 personnes vers d’autres villes allemandes comme Düsseldorf et Berlin. Un train en provenance de Salzburg a quant à lui été immédiatement redirigé vers le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne. De plus, 1 350 demandeurs d’asile ont été conduits en bus vers d’autres villes bavaroises.
A Munich, de plus en plus de voix s’élèvent pour exiger une intervention du gouvernement fédéral de Berlin. Car, pour l’instant en tout cas, c’est le gouvernement régional de la Bavière qui est seule en charge de l’accueil, mais aussi de l’organisation de la répartition des réfugiés sur le territoire national et donc, vers d’autres villes en Allemagne.
La proposition de la France : « Je trouve ça ridicule »
Dans les rangs des bénévoles qui viennent en aide aux réfugiés, on pointe également l’urgence d’une nécessaire mobilisation des autres pays européens. « Tous ces réfugiés qui sont arrivés chez nous ces derniers jours n’étaient pas les derniers. Les Etats européens, la Grande-Bretagne, la France, la Hongrie et les autres doivent se réunir au plus vite pour savoir comment résoudre ce problème », juge ainsi Nina Stecher, une étudiante en droit munichoise sur le pont depuis plusieurs jours, aussi bien dans la gare Centrale que dans les centres d’accueil de réfugiés. « Un pays comme la France doit s’engager à accueillir plus de réfugiés, parce que l’Allemagne ne peut pas y arriver seule », plaide-t-elle.
Mardi soir, deux bus ont quitté Munich, avec 150 réfugiés syriens et irakiens à bord. Un début de mise en œuvre de la promesse de la France d’accueillir en urgence un millier de réfugiés et, au cours des deux ans qui viennent, 24 000 réfugiés. Une promesse qui semble bien timide à Nina Stecher. « Franchement, je trouve ça ridicule », lance-t-elle. « Ici, à Munich, rien que le week-end dernier, nous avons accueilli 25 000 personnes qui ont ensuite été dispatchées sur les autres régions d’Allemagne. Cette annonce est tout simplement ridicule. J’estime que tous les pays doivent prendre leur responsabilité. Nous devons tous nous serrer les coudes. »
« Il n'y a pas assez d'union dans cette Union »
Un message relayé par le gouvernement de Berlin, qui a appelé mardi ses partenaires européens à ouvrir plus grand leurs portes alors que les migrants se pressent par dizaines de milliers aux frontières. Le nombre de personnes traversant la Méditerranée pour demander l'asile en Europe devrait en effet atteindre les 400 000 cette année, et 450 000 en 2016, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Et beaucoup d’entre eux souhaiteraient s'établir en Allemagne, première puissance économique européenne, qui s'attend à 800 000 demandes d'asile pour cette seule année 2015.
Un appel qui fait écho à celui de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, qui a présenté ce mercredi matin le détail d’un plan d’action qu’il propose aux Vingt-Huit. Mais s’il réclame des actions « audacieuses et déterminées », et la répartition entre les Etats-membres de 160 000 réfugiés , « de façon obligatoire » dans les deux ans à venir, le président de la Commission européenne a aussi reconnu qu’au sein de l’Union européenne, sur ce sujet aussi, « il n'y a pas assez d'union dans cette Union ».
Deux journaux allemands publient un guide pratique pour les réfugiés
Deux grands quotidiens allemands, Bild et Berliner Zeitung (BZ), propriétés du géant des médias Axel Springer, publient mercredi 9 septembre 2015 un petit guide rédigé en arabe destiné à aider les réfugiés qui arrivent à Berlin. « Offrez cet exemplaire (...) à un réfugié après l’avoir lu », invite ainsi, en Une, le BZ, autoproclamé « plus gros gros journal de Berlin ».
Ce vademecum de quatre pages contient une carte de la capitale allemande avec une traduction du nom des principaux quartiers, un glossaire des mots ou expressions allemands les plus courants avec leur traduction. Il comporte également une liste des ONG et centres d’accueil pour réfugiés et leur adresse.