La plus grande partie de l'enveloppe financière consistera en une aide directe aux agriculteurs les plus durement touchés. « La Commission va proposer que la partie la plus significative soit fournie à tous les Etats membres sous forme d’enveloppes pour soutenir le secteur laitier », a précisé Bruxelles. On ne connait pas pour l'instant les montants alloués à chaque pays ; cette répartition risque de se retrouver au centre de négociations difficiles. La Commission propose aux Etats de profiter de la règle qui permet de verser dès la mi-octobre la moitié des subventions agricoles pour l'année prochaine.
Par ailleurs, la Commission veut aussi étendre les aides et les possibilités de stockage privé, en particulier pour le lait et pour le porc. Ceci est censé permettre aux agriculteurs d'attendre de meilleures conditions de vente, et par conséquent de stabiliser le marché. En revanche, la Commission se refuse à augmenter le prix de l'intervention, l'aide publique pour le lait que beaucoup d'éleveurs ont pourtant réclamée à grand cri dans les rues de Bruxelles.
Partis à l'aube de France, de Belgique et d'Allemagne, à bord de plus d'un millier de tracteurs, quelque 7 000 agriculteurs, producteurs de lait ou de viande, s'étaient retrouvés dans la capitale belge, où ils ont provoqué de très importants embouteillages. « Le lait est payé moins cher qu’il nous coûte à produire, il nous faudrait un prix de base de 350 à 400 euros (la tonne) alors qu’on est payé 280 euros actuellement », se lamentait ainsi un producteur de lait français. La chute des cours du lait, du bœuf et du porc a provoqué durant l’été un soulèvement des agriculteurs européens, au Royaume-Uni, en Allemagne et en France notamment.
Mobilisées en nombre et renforcés par des collègues néerlandais, les policiers anti-émeute avaient barré l'accès aux bâtiments européens. Répondant aux jets d’œufs, de bouteilles et de pavés, ils ont fait usage de gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de forcer les barrages avec leurs tracteurs, et de canons à eau pour les repousser et éteindre les ballots de paille et les pneus qu’ils avaient incendiés.
A l'annonce du déblocage de 500 millions d'euros d'aide, le principal syndicat agricole européen, le Copa-Cogeca, a déploré une proposition « bien loin du compte » pour indemniser les agriculteurs de la perte de leur principal marché à l'exportation, la Russie. Un marché « qui vaut 5,5 milliards d'euros par an », estime le secrétaire général du Copa-Cogeca, Pekka Pesonen. Alors que c'est elle qui avait réclamé une réunion extraordinaire sur la crise agricole, la France a également fait part de sa frustration ce lundi soir par la voix de son ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Il y a des « insuffisances de précisions de la Commission européenne sur les mesures et les financements », a-t-il regretté. La crise est donc encore loin d'être réglée.