Migrants: Valls annonce la création d’un nouveau campement à Calais

Manuel Valls était ce lundi à Calais, dans le nord de la France, où vivent des milliers de migrants désireux de se rendre au Royaume-Uni. Le Premier ministre a annoncé la création d’un nouveau campement avec le soutien de l’UE, à l’issue de la visite d’un centre d'accueil.

« Une actualité tragique et insoutenable ». C’est ainsi que Manuel Valls a décrit le drame de ces migrants qui meurent chaque jour dans des conditions atroces. A Calais, le Premier ministre a rappelé la volonté de la France de s’engager pour essayer de trouver des solutions en fonction de trois principes « l’humanité, la responsabilité et la fermeté ». Plus question de soutenir un discours sécuritaire face à une situation de plus en plus difficile et un afflux de réfugiés en Europe, au contraire, le ministre met au premier plan la nécessité d’accueillir ceux qui fuient les guerres et la barbarie, même si, bien sûr, il maintient son discours sur la lutte contre l’immigration clandestine.

« Humanité, fraternité, solidarité ce sont des valeurs de gauche ». A trois mois des élections régionales et face à un électorat sceptique, déçu, démobilisé, le Premier ministre insiste pour montrer qu’il dirige bien un gouvernement de gauche. A Calais, Manuel Valls a dit que le dossier des migrants ne « devait pas souffrir des contingences électorales ». Il a regretté la démagogie, sous-entendu celle de la droite, qui donne la priorité à la fermeté. « Nous sommes venus (...) pour dire que nous sommes là, que l'Europe est là. L’Europe est en train de se mobiliser pour apporter des solutions de manière méthodique, de manière intelligente et en conciliant ce qui est indispensable, et l’accueil et l’aide humanitaire », a promis le Premier ministre.

Manuel Valls a ainsi annoncé la création pour « début 2016 » d’un nouveau campement humanitaire pour 1 500 personnes dans la « jungle » de Calais. Ce campement est prévu avec 120 grandes tentes pour 12 personnes et serait « complémentaire » du centre Jules-Ferry déjà existant et qui accueille les migrants dans la journée. Il sera financé avec l'aide de l’Union européenne qui, par la voix du vice-président de la Commission, Frans Timmermans, a annoncé l'octroi de 5 millions d'euros pour la construction de ce nouveau campement.

Drame humain

Si Jean-Claude Lenoir, président de l'association d'aide aux migrants Salam, salue cette annonce, il déplore aussi une initiative qui ne correspond pas à l'ampleur de la réalité de la crise migratoire à Calais. « Tout ça, c’est très bien, sauf que comme c’est toujours fait avec tellement de retard et que l’actualité a évolué, ça nous laisse toujours un peu sur notre faim », regrette-t-il. Il souhaiterait ainsi l'ouverture de plusieurs centres de moindre importance, capables d'accueillir entre 700 et 800 personnes, et répartis sur l'ensemble du littoral.

Car c’est avant tout un drame humain qui se joue à Calais. Plus de 3 000 migrants vivent dans la lande, un bidonville gigantesque dans des conditions sanitaires déplorables. Et les moyens du centre d'accueil Jules Ferry, ouvert en janvier, ne sont pas à la hauteur des besoins. Daniel Duval, son directeur, est confronté chaque jour au désarroi des migrants. Il parle ainsi d'un homme venu demander des tentes et des duvets pour héberger sa femme et ses enfants, qui s'est mis à pleurer parce qu'il ne savait pas comment il allait faire le soir-même.

Une situation que la maire de Calais, Natacha Bouchart, dénonce depuis des mois. « La France a un discours et des actions qui sont complètement différentes, accuse-t-elle. Ce n’est pas la France qui accueille, c’est Calais ». Un message qu’elle a fait passer à Manuel Valls lors de sa visite et dont le Premier ministre a pris acte.

Partager :