Ils sont accusés d'avoir essayé de « détruire » l'unité nationale. Parmi les élus ainsi placés en détention provisoire, on trouve Seyid Narin et Fatma Sik Baru, co-maires de Sur, un district de la ville de Diyarbakir (sud-est du pays), mais également Yuksel Bodakci, la maire de la Silvan, dans la même région. A l'extrême sud-est de la Turquie, dans la région frontalière avec l'Irak et l'Iran, les co-maires d'Hakkari, Dilek Hatipoglu et Nurullah Ciftci, ont également été mis en détention. Idem pour le responsable local du Parti du peuple et de la démocratie (HDP), Ismail Sihat Kaya, selon les médias turcs. Aucune date de procès n'a été dévoilée pour ces personnes, toutes élues sous l'étiquette du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), proche du HDP.
Comme l'explique notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion, depuis le 10 août, les cantons, arrondissements ou agglomérations qui déclarent un statut d'auto-administration, autrement dit quasiment d'auto-détermination - ne reconnaissant plus l'autorité d'Ankara, donc - se multiplient à rythme régulier dans le sud-est de la Turquie. Dans la dizaine de provinces à majorité kurde au sein de cette partie du pays, des dizaines de zones ont ainsi décrété ce statut. Il s'agit d'un véritable acte de défiance vis-à-vis de l'Etat central turc, mais il répond, expliquent les maires et responsables locaux concernés, à un besoin d'auto-défense contre les agressions, aussi brutales que parfois gratuites, des forces de l'ordre.
Ce statut d'auto-administration est parfois purement symbolique. Cependant, il n'en est pas moins intolérable aux yeux des autorités turques, qui ont rapidement « coffré » ces dangereux complices de l'organisation séparatiste terroriste du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et ce par dizaines. La plupart sont écroués en l'attente d'un procès qui leur coûtera cher. L'affaire se complique quand, en même temps (et c'est souvent le cas), la rébellion décrète lesdites entités administratives « zones de sécurité spéciale », et que les rebelles armés tentent de prendre le contrôle des lieux, ouvrant alors un véritable conflit armé contre la police locale et l'armée turque.