Avec notre bureau à Bruxelles,
Cet été, l’attention des Européens et de leurs dirigeants aura presque imperceptiblement glissé de la Méditerranée vers Calais. Et les récriminations aussi. Aiguillonné par les charges outrancières de sa presse populaire contre la France, le gouvernement britannique, dans un premier temps, a dénoncé avec véhémence l'incurie supposée des autorités françaises. Une rencontre à Calais entre ministres français et britannique de l’Intérieur et la signature d’un nouvel accord bilatéral, jeudi 20 août, aura permis de calmer le jeu.
Parallèlement, les ministres français, italien et allemand œuvrent à l'élaboration d'une approche commune des flux migratoires. Ce qui est perçu comme une forme de concurrence déloyale par une partie des milieux européens, alors que la Commission européenne, justement, a récemment proposé aux pays membres de l’UE un plan global de gestion des migrations : l’Agenda européen pour les migrations, dont le détail a été rendu public le 13 mai dernier. De ce fait, on ne comprend pas, à Bruxelles, les reproches de Berlin selon lesquels l’Europe serait aux abonnés absents sur la question.
En tout cas, dans moins de dix jours, Calais verra arriver le numéro 2 de la Commission européenne, Frans Timmermans, flanqué de son commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos, pour y conférer avec le chef du gouvernement français Manuel Valls et son ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Dans l’indifférence des migrants et des passeurs, le ballet diplomatique continue donc.
Dans une déclaration commune, le premier vice-président de la Commission européenne et le commissaire européen en charge des Migrations soulignent par ailleurs que « la gestion des migrations ne porte pas seulement sur les situations d'urgence, mais aussi sur les solutions à long terme. Nous devons tous faire plus ensemble et rapidement. » Les commissaires européens rappellent également avoir des propositions « prêtes », et « compter sur les Etats membres pour leur courage et leur engagement » dans leur mise en place.
Les tentatives de passage se déplacent
Cette mise au point de la Commission et l’annonce de la visite des deux commissaires interviennent alors que les tentatives d’intrusion dans le tunnel sous la Manche ont lieu quasiment chaque jour désormais à Calais. Ce vendredi, un groupe de personnes a ainsi été évacué d’un wagon de fret dans lequel il s’était caché pour tenter de passer au Royaume-Uni. Selon la direction d’Eurotunnel, les candidats au passage tentent désormais de grimper sur les trains de fret depuis un passage situé au sud de l’entrée du tunnel, moins sécurisé que les abords immédiats.