« On a entendu des coups de feu et des bris de glace. Je n’ai pas réalisé tout de suite ce qu’il se passait, jusqu’à ce que je vois une employée du train passer en courant. J’ai vu un homme entrer dans le wagon avec une kalachnikov. Moi et mon ami, nous nous sommes mis à couvert, et ensuite, nous nous sommes jetés sur lui », rapporte au micro de BFM TV le militaire américaine Spencer Stone, l'un des trois hommes à être intervenus pour neutraliser l’individu. « Mon ami a été blessé au couteau. Moi, j’ai saisi l’arme. Tous les deux, on s’est mis à frapper l’homme à la tête jusqu’à ce qu’il tombe inconscient », poursuit-il.
Il était 17h50 (15h50 TU), dans le train Thalys reliant Amsterdam à Paris, lorsque les faits se sont déroulés. Le train venait de quitter la gare de Lille, dans le nord de la France, lorsque l’homme armé d’une kalachnikov a fait irruption dans le wagon, sortant des toilettes de la rame où il venait de charger son arme. Lorsque plusieurs passagers - dont deux militaires, un étudiant américains et un Français dont l'identité n'était pas connue dans la matinée ce samerdi - se sont jetés sur lui, l’homme a eu le temps de blesser grièvement deux personnes. L'une a été touchée par balle au thorax, l'autre au coude et à la main par arme blanche. L’individu a quant à lui pu être maîtrisé et le carnage a été évité.
« Une menace que nous ne voyions pas »
« Je n’ai pas entendu de coup de feu, j’ai entendu des sonneries d’alarme, des appels au micro entre personnels de bord qui annonçaient une procédure d’urgence et qui demandaient à ce que les autres viennent en renfort. On venait de repartir de Lille », rapporte une passagère qui se trouvait dans le compartiment juste à côté de celui où l’homme a été maîtrisé. Et de préciser avoir également vu des blessés. Selon des témoignages que cette passagère relaie, l’homme est « sorti torse nu des toilettes avec une mitraillette. Une kalachnikov. Il a commencé à ouvrir le feu. » C’est à ce moment que plusieurs passagers sont intervenus. « Ils ont essayé de le neutraliser. Première personne, échec. Deuxième personne, échec, et la troisième personne a réussi. »
Selon elle, les passagers n’ont pas paniqué immédiatement. « Il y avait quand même une certaine fièvre. Mais c’était plus quand ils nous ont fait remonter à bord, après, et qu’on a commencé à voir la police et les blessés qu’il y a eu quelques crises de tétanie, quelques crises d’angoisse. Mais c’était relativement calme par rapport à ce que l’on pourrait s’imaginer dans une telle situation », juge cette passagère.
Un autre passager, qui se trouvait dans une autre rame du train, rapporte que le train s’est soudain quasiment arrêté et dit avoir vu « des personnes qui courraient sur les voies : il y avait trois jeunes filles, visiblement des passagères, et deux jeunes filles, des personnels de Thalys, qui s’accroupissaient dans les fossés, comme pour se protéger d’une menace que nous ne voyions pas. »
« J’ai vu les gens courir. Les personnels, puis les passagers, quelques-uns avec du sang », rapporte également cet autre passager. « Quelqu’un a dit qu’il y avait quelqu’un avec un pistolet, qui tirait. On était au bout du train, coincés au bout du train… On avait très peur. » Quelques minutes plus tard, « un Américain » est venu chercher un kit de soins dans leur rame. « On a tiré sur mon collègue, il va très mal, il va mourir », aurait-il alors déclaré, selon ce passager. « On a le mec, et on a le pistolet », aurait-il ajouté, rassurant en partie les passagers à bord de cette rame.
L'acteur français Jean-Hugues Anglade, qui s'est blessé à la main en tirant le signal d'alarme, a pour sa part accordé une interview à Paris Match, diffusée ce samedi. l'acteur s'y montre particulièrement dur envers les personnels de bord, qu'il accuse de s'être enfermés et d'avoir refusé de porter secours aux passagers.
L'agresseur a ensuite été interpellé par la police en gare d'Arras, dans le Nord-Pas-de-Calais, où le train a été fouillé par les services français avant de reprendre sa route pour Paris, dans la nuit.
→ L'attaque du Thalys fait la Une de la revue de presse française ce samedi