Autriche: Amnesty dénonce les conditions d’un centre de réfugiés

En Autriche, Amnesty International dénonce les conditions de vie dans le principal centre de gestion des réfugiés de Traiskirchen, situé à 20 km de Vienne. Prévu pour accueillir 1 800 personnes, il abrite en ce moment 4 500 hommes, femmes et enfants. De nombreux réfugiés dorment à l'extérieur, les conditions d'hygiène y sont terribles et les enfants sont livrés à eux-mêmes.

« Les conditions d'hygiène sont déplorables là-bas », dénonce Heinz Patzelt. Le responsable de l’équipe d’Amnesty International qui a pu visiter le centre de gestion des réfugiés de Traiskirchen ne mâche pas ses mots pour décrire la situation sur place. « On a trouvé des excréments flottants sur le sol des toilettes et d'autres choses terribles », poursuit-il. « Personne ne sait où mettre les migrants. Soit ils sont placés dans des bâtiments publics dépourvus de lit, soit ils sont contraints de rester et d'attendre à l'extérieur du centre de Traiskirchen », s’insurge-t-il. « Des bus ont été mis à leur disposition pour qu'ils puissent s'y réfugier quand il pleut, mais quand il fait chaud, à l'intérieur, il fait 60°C », rapporte-t-il.

Pour l'organisation internationale, « le respect de la vie privée, familiale ou de la dignité humaine, sont autant de droits qui sont ignorés ». Heinz Patzelt prend l’exemple des douches pour les femmes, qui n’ont « ni porte, ni rideaux ». « Par la fenêtre, on voit tout ce qui se passe à l'intérieur. C'est terrible, comme un peep show glauque », souligne-t-il. Plus honteux encore, selon ce responsable d’Amnesty International, la façon dont sont traités les enfants et les adolescents qui ont perdu leurs parents. « Personne ne s'occupe d'eux et les plus pauvres et vulnérables sont totalement désœuvrés et laissés à eux-mêmes », s’indigne-t-il.

Le système fédéral responsable de la situation

Amnesty International dénonce le système fédéral, qu'elle juge responsable de cette crise. « Le centre de réfugiés de Traiskirchen est comme une tâche sur le visage de l'Autriche en matière des droits de l'homme. L'origine de cette situation réside dans le système fédéral qui ne permet pas de sanctionner les provinces en matière de droits de l'homme », analyse Heinz Patzelt. « D'un côté, c'est le gouvernement fédéral qui est responsable du respect des droits de l'homme, surtout quand il s'agit des réfugiés. Mais de l'autre, les services sociaux dépendent des régions et souvent les autorités locales considèrent le droit à l'asile comme un acte de charité. Beaucoup de maires refusent d'assumer cette responsabilité », précise ce responsable de l'organisation internationale.

« Les représentants du ministère de l'Intérieur étaient très réceptifs lors de notre rencontre. Ils ont reconnu que la situation dans le centre de réfugiés était honteuse mais ils nous ont expliqué qu'ils n'avaient aucun pouvoir sur les autorités locales, seules compétentes en matière de services sociaux », explique Heinz Patzelt. Il assure que ses interlocuteurs se sont engagés à changer la Constitution.

La situation ne devrait pas s'améliorer d'elle-même. L'Autriche table sur l'arrivée de plus de 80 000 nouveaux migrants cette année, après 28 000 l'an passé. La majorité des réfugiés accueillis viennent de Syrie, d'Irak et d'Afghanistan. Selon le ministère de l'Intérieur, l'Autriche instruit « dix fois plus » de demandes d'asile que l'Italie et la Grèce confondues, rapporté à la taille de sa population.

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