À Kos, l’accueil s’améliore, mais la situation reste critique

La situation sur l’île de Kos en Grèce toujours préoccupante : ce matin, des centaines de réfugiés - des Syriens pour la plupart - ont de nouveau débarqué sur les plages de l’île, en provenance de Turquie. Ils doivent ensuite s’enregistrer auprès des autorités locales. Après les violences qui ont éclaté ces derniers jours, des moyens supplémentaires ont été déployés pour faire face à l’afflux de migrants. Et jeudi 13 août, pour la première fois depuis le début de la semaine, l’accueil s’est fait dans des conditions un peu moins chaotiques.

Avec notre envoyé spécial à Kos,  Daniel Vallot

Devant les portes du stade, deux files d’attente se sont formées, l’une pour les femmes et les enfants, l’autre pour les hommes. Sur les côtés, des migrants s’occupent eux-mêmes de maintenir l’ordre, pour éviter, disent-ils, de nouveaux débordements avec la police grecque.

« J’essaie d’organiser les gens, de les mettre en ligne, explique l’un d’entre eux. On fait des groupes de cinquante, c’est ce que demande la police. Il faut qu’on règle tout ça rapidement, pour pouvoir partir d’ici. C’est mieux pour moi, parce qu’ici je perds mon argent, mon énergie, sans aucun résultat. »

À la sortie du stade, un groupe s’est formé autour d’un réfugié syrien qui brandit une feuille de papier. Un habitant de Damas venant tout juste de recevoir le fameux laissez-passer qui doit lui permettre de quitter l’île de Kos. « J’irai à Athènes, raconte-t-il, et ensuite j’essaierai de traverser la Macédoine, puis la Serbie, et la Hongrie. Et là j’irai dans un pays où il y la paix, où il n’y aura pas de problème. »

Pour gagner Athènes, ce réfugié syrien va devoir trouver une place sur l’un des deux ferries qui relie quotidiennement l’île de Kos à la capitale grecque. En raison de l’afflux de migrants, la ligne est surchargée. Il lui faudra attendre encore plusieurs jours avant de pouvoir s’en aller, et poursuivre son rêve d’une vie meilleure, loin de la guerre qui déchire son pays.

« Le plus dangereux, c'est la mer »

Un rêve qui anime aussi Ahmad. Son périple a commencé en Syrie il y plus de deux mois. Arrivé en Turquie, il a dû attendre plusieurs semaines avant de tenter la traversée. Une traversée de nuit, dans un canot pneumatique avec une cinquantaine de migrants. Comme tous les réfugiés arrivés à Kos, Ahmad a le sentiment d'avoir franchi l'étape la plus difficile de son périple

« Le plus dangereux, c'est la mer, entre la Grèce et la Turquie. Après il suffit de marcher ! Maintenant je dois traverser l'Europe centrale, et arriver en Allemagne, en Hollande, en Suède ou au Danemark », raconte-t-il. Pour parvenir à son but, ce jeune syrien, va devoir franchir encore bien des obstacles, et traverser clandestinement bien des frontières. « A chaque pays il va falloir payer des passeurs. Mille euro, deux mille euros... Et croyez moi, je n'ai pas beaucoup d'argent. Il va falloir que nos familles, nos frères, nos cousins, nous fasses des virements. Avec mon passeport je peux recevoir de l'argent dans n'importe quel pays. »

Ahmad estime qu'il va devoir dépenser plus de 10 000 euros pour toucher au but. Sans compter les privations, et le danger - un prix qu'il se dit prêt à payer, pour lui, pour sa femme, et pour ses futurs enfants. « Pourquoi sommes nous partis de Syrie ? Parce que là-bas il n'y a plus d'écoles, il n'y a plus d'électricité, plus d'hôpitaux, et les gens s'entretuent. Nous venons ici tout simplement pour avoir une vie meilleure, et pour que nos enfants ait un avenir. » Pour lui, cela semble une évidence.

Le problème de l'hébergement

Jeudi, le maire de Kos n'a pas mâché ses mots : « Il faut des mesures extraordinaires, pour une situation extraordinaire ». Il s'exprimait alors que se tenait à Athènes une réunion d'urgence sur la question entre le gouvernement grec et le commissaire européen aux Affaires intérieures. Ces derniers jours, des moyens supplémentaires ont été déployés pour faire face à l'afflux de migrants mais cela ne suffit pas, estime Julia Kurafa, de l'ONG Médecins sans frontières.

« La situation s'améliore parce qu'à présent ils font rentrer les nouveaux arrivants par petits groupes et ils leur donnent de l'eau et de quoi manger. Donc ils essaient d'être mieux organisés pour accueillir les gens », analyse-t-elle, mais l'évolution de la situation la préoccupe, sans structures adaptées. « Il n'y a que six toilettes chimiques, et je n'ai pas vu de tentes, ou d'équipements de ce genre... ». Julia Karafa en appelle donc aux autorités pour « identitifer un endroit qui pourra permettre de recevoir correctement » les migrants, dans des « conditions de vie humaines et décentes ».

 

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