Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le gouvernement irakien ainsi que la présidence du Kurdistan autonome ont tous deux demandé à Ankara, sans vraiment hausser le ton, d'éviter de cibler les populations civiles, ce qui a incité la Turquie à accepter d'enquêter sur le bombardement du village de Zergele.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères turc exprime sa « tristesse » d'apprendre la nouvelle de victimes civiles, mais considère que le village, situé dans le massif du mont Kandil où le PKK a ses quartiers généraux, était utilisé par la rébellion comme centre logistique et de coordination.
Le leader du gouvernement régional kurde, Masoud Barzani, en a en tout cas profité pour demander au PKK de s'en aller, tout en sachant qu'il n'a aucune chance d'obtenir gain de cause. « Si les rebelles n'étaient pas ici, le gouvernement turc ne bombarderait pas notre région, aussi ils doivent quitter le Kurdistan pour éviter de nouvelles pertes civiles », a-t-il déclaré, en faisant bien attention à ne pas froisser Ankara.
Le drame du village de Zergele a en tous cas permis aux habitants du nord de l'Irak - entre l’Iran et la Turquie - de passer leur première journée sans bombardement. Des frappes qui vont pourtant se poursuivre, a prévenu le vice-Premier ministre turc Yalçin Akdogan, malgré les appels à la fin des opérations militaires et à la reprise des négociations de paix, interrompues sans raison il y a trois mois.
Nouvel attentat attribué au PKK
C’est que dans le même temps, la guérilla kurde ne relâche pas la pression non plus sur Ankara. Dans le sud-est du pays, au moins deux militaires ont été tués et plusieurs autres blessés ces dernières 24 heures par l’explosion de mines.
Et ce dimanche matin, deux soldats ont été tués et 24 autres blessés dans une attaque-suicide attribuée au PKK contre une gendarmerie de la région d'Agri, dans l’est de la Turquie : un tracteur bourré d'explosifs a été précipité contre les locaux d'une gendarmerie des environs de la ville de Dogubayazit.