Selahattin Demirtas, le leader du parti pro-kurde HDP, est accusé de « troubles à l'ordre public » et d’« incitation à la violence ». Avec l’ouverture de cette procédure judiciaire, le pouvoir turc passe à la vitesse supérieure. Pour le président Recep Tayyip Erdogan, il s’agit de reconquérir la majorité au Parlement dans la perspective d'élections anticipées.
C'est en tout cas ce qu'affirme le chef du Parti démocratique du peuple, considéré comme l'un des grands vainqueurs des législatives du 7 juin dernier et qui est devenu la cible privilégiée du président. Accusé de soutenir le terrorisme, après avoir encouragé des manifestations en octobre 2014, Demirtas risque 24 ans de prison, s'il est jugé.
Sur le plan militaire, le pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans une guerre ouverte avec la rébellion kurde. Une trentaine de F-16 de l'armée turque ont mené une nouvelle série de raids massifs dans le nord de l'Irak, à l'endroit même où se trouve l'état major du PKK. Les frappes ont été déclenchées en représailles à l'attaque d'un convoi militaire dans le sud-est du pays, à majorité kurde. Trois soldats turcs y ont trouvé la mort. Ce cycle de représailles ne connaît pas de répit depuis l’attentat suicide de Suruç, attribué au groupe Etat islamique, où 32 militants pro-kurdes ont trouvé la mort.
La lutte contre la guérilla kurde reste donc la priorité opérationnelle d'Ankara. Pour preuve, en une semaine, l'armée a annoncé des dizaines de frappes contre le PKK et seul trois contre l'organisation Etat islamique.