Au moment du drame, les forces ukrainiennes et pro-russes étaient engagées dans une féroce bataille pour le contrôle d’une hauteur stratégique. Le 14 juillet, les rebelles avaient réussi à abattre un Antonov 26 ukrainien, qui volait à 6 500 mètres d’altitude. Trois jours plus tard, un missile, selon toute vraisemblance un BUK, abattait l’avion de ligne à 10 000 mètres. Plusieurs investigations journalistiques tendent à prouver qu’il a été tiré d’un champ situé dans une zone sous contrôle séparatiste.
Les rebelles rejettent ces accusations, tout au plus affirment-ils avoir été en possession d’un lance missile BUK défectueux, pris aux Ukrainiens. Dans une longue enquête, le journal russe Novaya Gazeta affirme qu’un tel système de défense antimissile a traversé la frontière russo-ukrainienne le 14 juillet. Le site d’investigation Bellingcat, se fondant sur une étude des réseaux sociaux russes, avance même que l’équipement provenait d’une unité militaire russe basée à Koursk dans l’ouest de la Russie. Et en Ukraine aussi, les regards se tournent vers les forces russes et pro-russes.
Commémorations
Les photos de l'est de l'Ukraine montrent que les débris ont été enlevés et que l'herbe a repoussé sur le site du crash du MH17. Mais à en croire les médias et les discours politiques, la catastrophe n'est pas oubliée. Ce 17 juillet est marqué par une série de commémorations à travers toute l'Ukraine, même si le site lui-même, contrôlé par les forces pro-russes et russes, est inaccessible à la plupart des Ukrainiens et des familles des victimes, rapporte notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert.
La mort des passagers du Boeing est l'une des nombreuses tragédies de l'année qui vient de s'écouler, mais pas des moindres. Hormis le choc, l'évêque gréco-catholique Borys Grudziak, rappelle que, au plus fort de la guerre de propagande entre la Russie et l'Ukraine, le crash avait forcé les occidentaux à réaliser le danger que représentait la politique de Vladimir Poutine en Ukraine.
Responsabilités
La majorité des Ukrainiens en est convaincue : le missile qui a abattu l'appareil a été tiré par les forces pro-russes et russes, et entre donc dans le cadre des crimes de guerre qui secouent régulièrement le pays. A travers cette tragédie internationale, c'est bien la division profonde de l'Ukraine, et son cortège de douleurs, que les Ukrainiens vont commémorer aujourd'hui.
Mais de nombreuses questions restent en suspens : qui était aux commandes du lance-missile ? Qui a donné l’ordre de tirer ? Les autorités ukrainiennes auraient-elles dû fermer le ciel ? Quelle est la responsabilité de la Malaysia Airlines ? Sans attendre les résultats de l’enquête des proches des victimes ont décidé de porter plainte aux Etats-Unis contre le chef rebelle de l’époque, Igor Girkine, dit Strelkov, rentré, depuis l'été dernier, à Moscou.