Un an après le crash du vol MH17, l'Ukraine se souvient

Il y a un an, le vol MH17 Amsterdam-Kuala Lumpur s’était tragiquement interrompu dans l’est de l’Ukraine, en guerre. 298 personnes étaient mortes dans le crash de l'appareil, dans les zones contrôlées par les forces pro-russes et russes. L'Ukraine soutient officiellement le projet d'un tribunal international sur le crash, opposé par la Russie. Mêlé au drame toujours réel de la guerre du Donbass, le souvenir de la tragédie est très présent dans le pays, alors qu'un faisceau d'indices pointe la responsabilité des séparatistes pro-russes.

Au moment du drame, les forces ukrainiennes et pro-russes étaient engagées dans une féroce bataille pour le contrôle d’une hauteur stratégique. Le 14 juillet, les rebelles avaient réussi à abattre un Antonov 26 ukrainien, qui volait à 6 500 mètres d’altitude. Trois jours plus tard, un missile, selon toute vraisemblance un BUK, abattait l’avion de ligne à 10 000 mètres. Plusieurs investigations journalistiques tendent à prouver qu’il a été tiré d’un champ situé dans une zone sous contrôle séparatiste.

Les rebelles rejettent ces accusations, tout au plus affirment-ils avoir été en possession d’un lance missile BUK défectueux, pris aux Ukrainiens. Dans une longue enquête, le journal russe Novaya Gazeta affirme qu’un tel système de défense antimissile a traversé la frontière russo-ukrainienne le 14 juillet. Le site d’investigation Bellingcat, se fondant sur une étude des réseaux sociaux russes, avance même que l’équipement provenait d’une unité militaire russe basée à Koursk dans l’ouest de la Russie. Et en Ukraine aussi, les regards se tournent vers les forces russes et pro-russes.

Commémorations

Les photos de l'est de l'Ukraine montrent que les débris ont été enlevés et que l'herbe a repoussé sur le site du crash du MH17. Mais à en croire les médias et les discours politiques, la catastrophe n'est pas oubliée. Ce 17 juillet est marqué par une série de commémorations à travers toute l'Ukraine, même si le site lui-même, contrôlé par les forces pro-russes et russes, est inaccessible à la plupart des Ukrainiens et des familles des victimes, rapporte notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert.

La mort des passagers du Boeing est l'une des nombreuses tragédies de l'année qui vient de s'écouler, mais pas des moindres. Hormis le choc, l'évêque gréco-catholique Borys Grudziak, rappelle que, au plus fort de la guerre de propagande entre la Russie et l'Ukraine, le crash avait forcé les occidentaux à réaliser le danger que représentait la politique de Vladimir Poutine en Ukraine.

Responsabilités

La majorité des Ukrainiens en est convaincue : le missile qui a abattu l'appareil a été tiré par les forces pro-russes et russes, et entre donc dans le cadre des crimes de guerre qui secouent régulièrement le pays. A travers cette tragédie internationale, c'est bien la division profonde de l'Ukraine, et son cortège de douleurs, que les Ukrainiens vont commémorer aujourd'hui.

Mais de nombreuses questions restent en suspens : qui était aux commandes du lance-missile ? Qui a donné l’ordre de tirer ? Les autorités ukrainiennes auraient-elles dû fermer le ciel ? Quelle est la responsabilité de la Malaysia Airlines ? Sans attendre les résultats de l’enquête des proches des victimes ont décidé de porter plainte aux Etats-Unis contre le chef rebelle de l’époque, Igor Girkine, dit Strelkov, rentré, depuis l'été dernier, à Moscou.

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