Srebrenica: vingt ans après, une plaie toujours à vif

En Bosnie-Herzégovine, cette journée du 11 juillet est marquée par les commémorations du génocide de Srebrenica, l’enclave musulmane déclarée zone de sécurité par l’ONU et tombée aux mains des Serbes en 1995. Plus de 8 000 Bosniaques ont péri dans les jours qui suivirent. Vingt ans après, beaucoup continuent de rechercher les membres de leur famille disparus, massacrés de façon systématique. Et la reconnaissance du génocide ne cesse d’être un combat, partagé par tous ceux qui se sont donné rendez-vous au mémorial de Potocari ce samedi.

Avec notre envoyée spéciale, Sophie Malibeaux 

Il règne une ambiance tout à fait particulière à Srebrenica. La ville a perdu les deux tiers de sa population depuis le génocide. Beaucoup de maisons ne sont pas encore reconstruites. Alors les habitants ouvrent leurs portes et leurs jardins aux gens revenus pour l’occasion. Les associations et la municipalité bosniaque sont mobilisés.

Srebrenica est aussi prête ce samedi à recevoir les officiels : les délégations d’une quarantaine de pays sont attendues. Le Premier ministre serbe sera bien présent, de même que l'ancien président américain Bill Clinton, architecte des accords de paix de Dayton qui ont mis fin au conflit bosnien

Mais peu importe la composition de la tribune officielle. Aux yeux de la plupart des gens qui se sont donné rendez-vous au mémorial aujourd’hui - en cette fin de matinée, ils étaient déjà plusieurs dizaines de milliers - les regards seront braqués sur 136 cercueil couverts d’un tissu vert, étiquetés de un à 136, avec les noms et dates de naissance des victimes dont les restes ont finalement pu être identifiés. Pour en citer quelques uns : Hasitch Niaz, né en 1960, Salihovic Ermin en 1978, Betchich Zichnia, 1978 également ; ceux-là avaient à peine 17 ans lorsqu’ils furent exécutés.

Le rituel se reproduit, à l’identique, chaque année. La foule est de plus en plus dense pour assister aux enterrements. Malgré le climat hostile et le déni affiché par les Serbes avec le soutien de la Russie.

Alors en ce vingtième anniversaire, certains attendent plus qu’une simple présence des responsables politiques. L’affirmation du devoir de mémoire se fait pressante. De plus en plus de documents sont sortis au grand jour et ils ne permettent plus d’éluder les responsabilités, à l’Est comme à l’Ouest. Ce qui s’est passé à Srebrenica, c’est autre chose que de la négligence, personne ici ne veut croire qu’il s’agissait d’ une « erreur » comme l’avait affirmé Bill Clinton, au pouvoir à l’époque.

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