Avec notre envoyée spéciale à Srebrenica, Sophie Malibeaux
Épuisés par trois journées de marche en pleine chaleur, ils sont arrivés par milliers à Potocari, à l’issue d’un périple de 80 kilomètres. Des familles entières, des survivants du génocide, des enfants et des jeunes qui n’ont pas connu la guerre. Ils ont en fait effectué à rebours, le trajet suivi par les hommes qui tentaient de fuir les massacres il y a tout juste vingt ans.
Leur arrivée au mémorial s’est faite dans un profond recueillement. Un convoi les avait précédés, pour acheminer les cercueils des dernières victimes identifiées. Un déploiement de la composante bosniaque de l’armée de Bosnie-Herzégovine assurant la sécurité aux côtés de la police fédérale. Ces commémorations se déroulent en République serbe de Bosnie, dans un environnement plutôt hostile à l’évocation du « génocide », qualifié de mensonge par les dirigeants de l’entité serbe.
Les marcheurs ont ainsi pu voir sur leur route les affiches du portrait de Vladimir Poutine, avec ce slogan : une alternative pour la Bosnie. La République serbe de Bosnie, affichant ostensiblement sa préférence pour l’allié russe, loué notamment pour avoir mis son veto à l’adoption d’une résolution de l’ONU mentionnant le « génocide » de Srebrenica.
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