La crise grecque vue des Etats-Unis

La Grèce veut éviter le scénario catastrophe du défaut de paiement. Après la rupture des négociations entre Athènes et ses créanciers, le gouvernement d'Alexis Tsipras a annoncé la fermeture des banques et le contrôle des capitaux. Une mesure qui prendra fin le 6 juillet, au lendemain du référendum de dimanche. Les Grecs sont invités à se prononcer sur les dernières propositions de Bruxelles. Lundi 29 juin, 17 000 manifestants ont défilé à Athènes pour le « non ». Cette situation inquiète outre-Atlantique. Aux Etats-Unis, la Grèce fait les gros titres des journaux et Wall Street a fini en forte baisse.

Avec notre correspondante à Washington,  Anne-Marie Capomaccio

La bourse de New York est affectée par les dernières évolutions de la crise de la dette grecque. On peut dire que l’intérêt pour la situation de ce pays, et l’inquiétude qui en résulte, sont réels aux Etats-Unis, où l'on craint qu'une récession en Europe, entrainée par l'éventuelle sortie d'Athènes de la zone euro, n'affaiblisse la monnaie européenne face au dollar, ce qui n'est jamais bon pour les exportations.

L'économie américaine se porte plutôt bien, beaucoup mieux que l'économie européenne en tout cas. La question que pose la presse américaine est donc : cette crise va-t-elle affecter la reprise aux Etats-Unis ?

Les entreprises américaines ne sont pas particulièrement implantées en Grèce, et elles ont eu tout le temps de se replier, assure le Washington Post, qui compare l’économie grecque à celle du Connecticut, l’un des plus petits Etats américains.

Barack Obama s’est néanmoins entretenu tout récemment avec le président français et avec la chancelière allemande. Mais on ne sait pas vraiment ce que les leaders se sont dits. Les communiqués de la Maison Blanche sont plus que succincts. « Il faut faire des efforts pour que le dialogue reprenne avec la Grèce », lit-on.

On sait en revanche, et Barack Obama s'est exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet, que le président américain estime le remède imposé à la Grèce un peu trop sévère. La philosophie américaine n'est pas vraiment pour l'austérité. On a plus de facilités ici à creuser le déficit.

C'est d'ailleurs le sens de l'interview publiée lundi 29 juin dans le Time par un prix Nobel d'économie, l'Américain Joseph Stiglitz, qui ne ménage pas ses critiques contre l'Europe, estimant que dans cette « dépression imposée à la Grèce, il s'agit plus de pouvoir que d'économie ».

La Troïka doit d'après lui en assumer la responsabilité. Le titre de sa tribune est éloquent : « L’atteinte européenne à la démocratie grecque ». « Je n’ai jamais vu de dépression aussi délibérément imposée, et avec des conséquences aussi catastrophiques », écrit l'économiste, qui rappelle que « 60 % des jeunes Grecs sont au chômage ».

Le Nobel fustige le modèle économique de la zone euro, ainsi que l’austérité, qui ont des conséquences qu'il juge « défavorables aux travailleurs ». « Tout cela, explique-t-il, était prévisible, des économistes dans le monde entier ont condamné la manière dont la Grèce a été punie. »

La Grèce est à la Une de la revue de presse française ce mardi 30 juin

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