Crise de la dette grecque: Merkel calme le jeu, Juncker attaque

Les banques et la Bourse d'Athènes sont fermées en attendant un référendum convoqué le 5 juillet par le Premier ministre grec Alexis Tsipras. Mais la Grèce pourrait se retrouver en défaut de paiement dès demain mardi en fin de soirée. En Allemagne, Angela Merkel a donc reçu les chefs des groupes parlementaires et des partis pour une réunion spéciale consacrée à la crise grecque. La chancelière allemande laisse la voie ouverte au dialogue. En revanche, de son côté, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a violemment tâclé M. Tsipras.

Officiellement, Angela Merkel ne veut pas donner l’impression qu’elle refuse tout dialogue et toute solution de la dernière chance, commente notre correspondant à Berlin Pascal Thibaut. Son porte-parole a estimé qu'elle était évidemment disposée à reprendre les discussions avec le gouvernement grec.

La chancelière allemande, qui a pris la parole à Berlin à l’occasion du 70e anniversaire de son parti, la conservatrice CDU, a répété que l’Europe était fondée sur la « culture du compromis » et que la solidarité entre les Etats-membres impliquait également que ces derniers « prennent leurs responsabilités ». « Si nous perdons la capacité à trouver des compromis, alors l'Europe est perdue », a-t-elle alerté devant les représentants de son parti, avant de trancher : « Si l'euro échoue, l'Europe échoue. »

On le voit bien, Angela Merkel, qui a investi beaucoup de temps dans cette crise ces derniers mois, veut à tout prix éviter d’être rendue responsable d’une sortie éventuelle de la Grèce de la zone euro, ce qui symboliserait l’échec de sa politique et égratignerait peut-être sa popularité toujours très élevée, même si les Allemands sont désormais une majorité à souhaiter une sortie de la Grèce de la zone euro.

En tout cas, en Allemagne, on est quand même très remonté contre le gouvernement d'Alexis Tsipras. C’est ce qu’on voit dans la presse ce lundi matin, mais aussi dans les rangs de la classe politique à droite, comme également à gauche, les sociaux-démocrates.

Juncker: un « non » au référendum serait un « non » à l'Europe

Jean-Claude Juncker s’est lui montré plus incisif, se disant « trahi » car ses « efforts ont été insuffisamment pris en compte » par les Grecs. Un « non » au référendum serait un « non à l'Europe », a mis en garde le président de la Commission européenne. « Vendredi encore, après des mois et des mois de discussions et de débat, nous étions une fois de plus déterminés, patients, autour d'une table à travailler au meilleur accord possible. Cet élan a été brisé de façon unilatérale par l'annonce du référendum et surtout par la volonté de faire campagne sur le " non " à cet accord, et surtout en ne disant pas toute la vérité », a-t-il regretté.

Visiblement lassé par des mois de négociations infructueuses, Jean-Claude Juncker n’a pas hésité à remettre clairement Athènes à sa place. Pour lui, il faut dépasser les égoïsmes nationaux et surtout les intérêts partisans. « En Europe, aucune démocratie ne vaut plus qu'une autre. Et dans la zone euro, il y a 19 démocraties et non pas une contre 18, et non pas 18 contre une. […] Jouer une démocratie contre 18 autres, ce n'est pas une attitude qui convient à la grande nation grecque. Cela n'aide aucun citoyen européen, et surtout aucun citoyen grec. »

La réponse grecque ne s’est pas fait attendre. « L'indice nécessaire de bonne foi et de crédibilité dans une négociation est la sincérité », a déclaré le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis ce lundi en début d’après-midi. Une réaction lapidaire remettant clairement en cause la sincérité du président de la Commission européenne.

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