Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Pourquoi donc le président Erdogan semble plus contrarié à chaque fois que les forces kurdes parviennent à repousser les attaques de l’organisation Etat islamique ? Ses opposants diront que c’est la preuve de sa communion d’objectifs avec les islamistes. Une chose est sûre en tout cas : ces victoires renforcent les Kurdes militairement et politiquement, accélèrent l’unification physique de leurs trois cantons dans le nord de la Syrie, et compliquent l’accès des jihadistes au territoire turc.
Pour Ankara, ce processus est vécu comme une menace, bien que les Kurdes aient toujours nié avoir des visées sécessionnistes et affirment vouloir rester intégrés à l’Etat syrien.
Hier soir pourtant, Recep Tayyip Erdogan en a une nouvelle fois appelé à la communauté internationale, insistant sur le fait que la Turquie n’accepterait jamais la création d’une nouvelle entité à sa frontière sud, précisant qu’il s’y opposerait « quel que soit le prix à payer ». Ce qui fait de plus en plus penser à une volonté d’intervenir militairement dans le nord de la Syrie, projet qui paraît particulièrement aventureux à beaucoup d’analystes.
C’est peut-être pour cela que, d’après une rumeur insistante depuis plusieurs semaines maintenant, le chef d’état-major se serait encore opposé, lors d’une réunion spéciale consacrée à la sécurité en début de semaine, à approuver une telle opération. Toujours est-il que la région est de plus en plus inquiète à l’idée d’une conflagration généralisée.