Droit d’asile: la Hongrie d’Orban suspend l’accord de Dublin

Le gouvernement hongrois suspend unilatéralement l'accord de Dublin sur le droit d'asile. Ce règlement européen permet à un Etat membre de renvoyer un demandeur d'asile vers le premier pays européen dans lequel il est entré. Des dizaines de milliers de migrants transitent par la Hongrie pour aller vers l'Autriche et l'Allemagne. Budapest affirme être débordé par un afflux de réfugiés et veut éviter à l'avenir que l'Autriche ne renvoie des migrants vers la Hongrie.

Avec notre correspondante à Budapest, Florence La Bruyère

Plus de 60 000 personnes ont demandé l'asile en Hongrie depuis le mois de janvier. Vingt fois plus qu'en 2013. La barque est pleine, dit le gouvernement hongrois. Mais en réalité 90% des demandeurs d'asile ne restent que quelques jours. Ils partent immédiatement vers l'Autriche et l'Allemagne. Contrairement à la Grèce et à l'Italie, la Hongrie ne connaît aucune crise humanitaire.

L'an dernier, en application des accords de Dublin, l'Autriche a renvoyé 800 migrants vers la Hongrie. Même si ce chiffre était multiplié par 10, la Hongrie se retrouverait avec 8 000 demandeurs d'asile sur son sol, ce qui semble gérable.

Bouc émissaire

Mais le populiste Viktor Orban ne veut plus du tout de réfugiés. Après les sans-abri et les ONG, il a trouvé un nouveau bouc émissaire. Depuis plusieurs mois, son gouvernement martèle que les migrants sont des terroristes potentiels. Cela a permis à son parti en chute de popularité de remonter dans les sondages.

Et Viktor Orban ne se contente pas de rejeter l'accord de Dublin. La loi hongroise va être modifiée. Un migrant pourra être renvoyé plus facilement en Serbie. Si sa demande d'asile est rejetée, il n'aura que trois jours pour faire appel. Obtenir le statut de réfugié deviendra mission impossible.

« Inacceptable »

Ce mercredi matin, l’Autriche a vivement réagi à l’annonce hongroise, qu’elle qualifie d’ « inacceptable ». Vienne « ne peut pas tolérer cela », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sebastian Kurz à son homologue hongrois Peter Szijjarto, le mettant en garde contre des « effets négatifs ». Mais, à Budapest même, l'opposition de gauche hongroise a accusé le pouvoir conservateur d'avoir « quitté l'Europe », selon les mots du parti DK.

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