Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Le nouveau décret est d'autant plus inquiétant qu'il est très vague, puisqu'il n'existe aucune définition juridique du concept d'opération spéciale. Toute information sur des pertes au sein de l'armée risque donc d'être considérée comme une violation du secret d'Etat, punissable de quatre ans de prison. Il s'agit d'une « violation impensable de la liberté d'expression », s'indigne la journaliste Ksenia Sobtchak, pour qui toute enquête journalistique risque désormais d'être impossible.
Pour l'expert militaire Pavel Felguenhauer, comme pour Serguei Krivienko, membre du Conseil présidentiel des droits de l'homme, il s'agit de cacher les pertes russes dans le conflit ukrainien. Même point de vue du député Lev Schlosberg qui a l'automne dernier a vainement cherché des informations sur des parachutistes vraisemblablement tués dans le Donbass.
Les familles des soldats seront également dans l'impossibilité de rechercher des informations sur les conditions de décès de leur proche.
Ce décret est signé peu après la publication par l'opposition d'un rapport sur l'intervention russe en Ukraine qui estime que 220 soldats russes ont trouvé la mort dans le Donbass. Et ces derniers jours, les mouvements de troupes semblent s'être multipliés à la frontière russo-ukrainienne. Plusieurs témoins ont vu de nombreux véhicules militaires chargés sur des trains dans la région de Rostov-sur-le-Don, à 20 kilomètres de l'Ukraine.