Avec notre correspondante dans la région et notre envoyé spécial à Riga,
Marielle Vitureau et Quentin Dickinson
Ce sommet ne la concerne pas directement, mais la Russie va tout de même y jouer les premiers violons, cristallisant les positions des uns et des autres. Moscou est déterminé, par tous les moyens, à ne pas céder sur sa sphère d’influence dans cette région.
Le sommet précédent, organisé à Vilnius en 2013, avait été un désastre diplomatique, marqué par la marche arrière de dernière minute du chef de l’Etat ukrainien de l’époque, Viktor Ianoukovitch, lequel avait refusé, sous la pression du Kremlin, de signer comme prévu l’Accord d’association de son pays avec l’Union européenne.
Le soulèvement populaire pro-européen à Kiev avait constitué le résultat immédiat de ce fiasco. La suite est connue : la crise ukrainienne était lancée, Viktor Ianoukovitch tombait, la Crimée était annexée par la Russie et les sanctions à l’égard de Moscou pleuvaient, pendant que l'est de l'Ukraine s'embrasait.
Le Partenariat oriental, bilan famélique
Lors du lancement du Partenariat oriental, il y a cinq ans, l'idée consistait à proposer un statut permanent d’association avec l’UE, destiné à satisfaire les aspirations économiques et politiques de six anciennes républiques soviétiques, sans pour autant leur accorder le moindre droit à l’adhésion à l’Union européenne. Mais aujourd’hui, difficile de cacher que le Partenariat oriental n'affiche qu’un bilan des plus décevants.
Toute une gamme de raisons à cela : d’abord, l’annexion de la Crimée et la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine gèlent toute avancée majeure ; ensuite, l’un des six pays, en l’occurrence l’Arménie, a préféré rejoindre l’Union économique eurasiatique, une espèce de concurrent du Partenariat oriental, instauré précisément par la Russie ; enfin, un autre de ces six pays, la Biélorussie, constitue la dernière dictature communiste d’Europe, ce qui la rend moyennement fréquentable.
Eviter un échec aussi retentissant qu'en 2013
Très logiquement, c’est un nouveau fiasco que l’on va essayer d’éviter ce jeudi et le lendemain à Riga, même si le prix à payer pour cela, c’est le décalage entre le niveau élevé de représentation et le caractère très limité de l’ordre du jour.
Car on réunit à Riga 34 chefs d’Etat et de gouvernement, pour discuter simplement de la levée éventuelle de l’obligation de visas pour les citoyens des six pays souhaitant se rendre dans l’UE, pour encourager à la coopération en matière numérique, et pour inciter aux réformes institutionnelles. A noter d'ailleurs que la question de l’assouplissement du régime des visas avec l'Ukraine et la Géorgie - qui a travaillé d’arrache-pied et attendait ce moment - a été remise à plus tard.
Comment ne pas braquer Moscou ?
C’est donc une rencontre a minima qui aura lieu à Riga, tout juste un dîner et une matinée de discussion. L’intérêt de la réunion réside plutôt en marge du sommet, lorsque l'on abordera en petits comités des sujets autrement plus urgents, comme le sort de la Grèce ou les quotas de migrants.
Mais il est intéressant d'observer comment Bruxelles peut, ou non, concilier sa politique de voisinage, le rapprochement de l’Union avec ces six pays, et dans le même temps ses relations avec Moscou. La Lettonie, qui organise le sommet, et ses voisins baltes, sont adeptes d’une politique plus offensive au regard de leur expérience historique, de leurs liens économiques vitaux et d’une tradition de solidarité avec cette région. Mais d’autres grands pays ne veulent pas bousculer la Russie.