Les ports grecs face aux promesses de Syriza et aux pressions de l'UE

La ville du Pirée en Grèce accueille ce jeudi 28 mai le Maritime Day, un événement organisé par l'Union européenne. Pendant deux jours, les professionnels de ce secteur vont pouvoir se rencontrer pour des conférences et des ateliers. Cette année, le thème ce sont les ports, un sujet au cœur de l'actualité grecque. 

De notre correspondante à Athènes,

Le gouvernement grec veut privatiser le port du Pirée et revient donc sur une de ses promesses. Fin janvier, il avait annoncé l'arrêt de l'appel d'offre en cours. Mais alors qu'il négocie avec ses créanciers pour obtenir une dernière tranche d'aide, il a dû faire marche arrière. Au grand dam des employés du port, il propose désormais une participation de 51% dans la compagnie publique chargée de la gestion du port, l'Autorité portuaire du Pirée. L'acquéreur aura ensuite la possibilité d'obtenir jusqu'à 67%, le pourcentage proposé par le gouvernement précédant. Mais il lui faudra pour ça effectuer les investissements demandés, soit environ 300 millions d'euros. Sur les cinq candidats initiaux, seuls trois ont relancé leur demande : le néerlandais APM Terminals, International Container Terminal Services, le groupe basé aux Philippines et enfin le chinois Cosco qui possède déjà deux terminaux à conteneurs sur trois.

Les ports grecs au coeur des négociations avec l'UE

Le port de Thessalonique est lui aussi sur la sellette même s'il fait moins la Une de l'actualité. Il fait toujours partie du portefeuille de la HRADF, le fond grec chargé des privatisations. L'appel d'offre était en cours lui aussi, lorsque la gauche radicale est arrivée au pouvoir en janvier. Huit entreprises sont toujours candidates. Mais le gouvernement préfère attendre la fin des négociations. La question des privatisations est, en effet, un sujet sensible au sein du parti Syriza. Depuis 2010, et l'arrivée du géant chinois du fret maritime Cosco, le nombre de conteneurs qui transitent par Le Pirée a certes été multiplié par trois, mais les syndicats mettent en cause un manque de transparence sur le respect du droit du travail.

Le régime fiscal des armateurs en Grèce

L'autre sujet sur lequel le gouvernement est attendu, c'est celui des armateurs, ces propriétaires de bateaux de transport restent les leaders mondiaux du secteur. Ils contrôlent plus de 18,5% de la flotte mondiale en terme de tonnes de port en lourd, c'est-à-dire à navire chargé. Leur succès s'explique surtout par le fait qu'ils n'ont que peu de rapport direct avec l'économie grecque. Seule une petite minorité utilisent leurs navires pour le commerce intérieur. Et ils ont aussi un régime fiscal avantageux qui date de 1975, juste après la fin de la dictature des colonels. Il se base sur le tonnage, c'est-à-dire sur la taille des navires et leur âge. C'est un système que l'on retrouve dans d'autres pays européens. Ce qui agace en temps de crise, c'est que les armateurs grecs ne sont donc pas soumis à l'impôt sur le revenu alors que leur flotte a augmenté, ce qui laisse à penser que leur chiffre d'affaire aussi. Il y a déjà eu des tentatives de changement. Depuis début 2013, une loi permet d'imposer les bateaux battant pavillon étranger si leur société est installée en Grèce. Et en 2014, les armateurs ont négocié une contribution volontaire avec le gouvernement. En 4 ans, ils paieront le double de la taxe prévue selon le tonnage.

Les promesses de Syriza

Pour la gauche radicale ce n'est pas assez et Syriza veut changer ça, c'était en tout cas inscrit dans son programme : une augmentation des recettes provenant des transports maritimes. Mais pour l'instant, rien n'aurait été lancé. Le gouvernement d'Alexis Tsipras semble se concentrer sur un autre point, moins sensible : le renforcement de l'emploi des ouvriers de la mer. Un fonctionnaire du ministère de la Marine indique que des discussions seraient en cours avec les armateurs. Si les officiers grecs sont bien présents sur les bateaux, les équipages sont plutôt composés d'étrangers, comme des Philippins par exemple. Le gouvernement aimerait donc pousser les armateurs à engager plus de Grecs comme marins, mais dans le respect du droit du travail et à des salaires plus élevés.

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