Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
David Cameron a choisi une recette classique pour former son nouveau gouvernement purement conservateur. Une poignée d’eurosceptiques et de femmes, et beaucoup de têtes déjà bien connues. On retrouve ainsi George Osborne à l’Economie, Theresa May à l’Intérieur, ou encore Philip Hammond aux Affaires étrangères et Michael Gove à la Justice. Le cabinet Cameron 2 est aussi féminisé, comme l’avait promis le Premier ministre. Outre Mme May, six autres ministres femmes viennent former un tiers de la nouvelle équipe. Amber Rudd est promue à l’Energie et au Changement climatique et Priti Patel à l’Emploi.
La presse s'arrête sur la nomination de Whittingdale
Les Unes des journaux ce mardi matin sont dominées par une nomination en particulier : celle de John Whittingdale au ministère de la Culture. A ce poste, il sera chargé notamment de superviser le montant de la redevance perçue par la BBC. Le groupe audiovisuel public, véritable institution, doit renouveler sa charte à la fin de l’année, et les conservateurs ont depuis longtemps signalé que la BBC coûtait trop cher au contribuable et faisait une concurrence injuste aux médias privés.
Pour la presse, la nomination de John Whittingdale, un critique féroce de la redevance, est une très mauvaise nouvelle pour la BBC. « Le coup de semonce de David Cameron à la BBC » titre le Times ; « Les conservateurs partent en guerre contre la BBC », renchérit le Daily Telegraph, qui croit savoir que la redevance commencera par être gelée, et pourrait même être supprimée, rendant l’avenir de la BBC incertain.
David Cameron a également nommé des ministres anti-européens, comme le nouveau chef de la majorité parlementaire Mark Harper, qui doit faire respecter la discipline de vote et aura ainsi plus de prise sur les éventuels « rebelles » dont le sang ne fait qu’un tour face à Bruxelles. Boris Johnson viendra égayer de temps en temps les réunions ministérielles. Maire de Londres pendant encore un an, il se verra accorder un vrai portefeuille plus tard.
Nigel Farage : trois petits jours et puis revient
En attendant, le Premier ministre doit s’atteler à la question délicate d’un référendum sur l’appartenance du pays à l’Europe et va particulièrement soigner ses députés eurosceptiques jusqu’à sa tenue, dont il se murmure qu’elle pourrait être avancée d’un an à 2016. A peine au travail, David Cameron se retrouve par ailleurs avec une difficulté de taille : Nigel Farage, le dirigeant du parti europhobe UKIP qui avait décidé de quitter la tête de son parti parce qu’il n’avait pas été élu député, et qui a finalement changé d’avis.
Nigel Farage avait pourtant martelé durant toute la campagne des législatives qu’il quitterait la tête de son parti s’il n’était pas élu. C’était, disait-il, une question de crédibilté. Mais face à un parti orphelin qui a refusé unanimement sa démission, le dirigeant dit se sentir obligé de ne pas décevoir ses militants. Sa justification ? Une campagne couronnée de succès. Il fait valoir que même s’il n’a pas été élu, son parti a récolté près de 4 millions de voix aux élections et vu 200 conseillers municipaux élus alors qu’avaient lieu des élections locales le même jour.
Nigel Farage va donc mener la croisade contre Bruxelles lors de la campagne qui va précéder le référendum sur le « Brexit », le British Exit de l’Union européenne. Une mauvaise nouvelle pour David Cameron qui aura du mal à faire taire ce tribun très populaire face à un pays connu pour son euroscepticisme atavique.