Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
Pas moins de 16 000 soldats russes ont pris part au défilé sur la place Rouge, tandis que 194 véhicules blindés ont traversé la ville alors que 143 avions et hélicoptères ont sillonné les airs. Il y a bien longtemps que l'on n'avait pas assisté à Moscou à un défilé mobilisant autant de monde et de matériel.
La Russie s'enorgueillit de présenter les nouveautés de son industrie de défense : les missiles S400, le canon Koalitsia, le blindé Kourganets et surtout le char Armata T-14. Ce char qui a fait la Une de la presse russe est présenté comme le meilleur char du monde, supérieur en tout cas à ses concurrents américains. Le Kremlin veut faire ainsi une démonstration de la puissance militaire retrouvée.
La commémoration de la victoire sur le fascisme permet aussi de justifier de nouveaux combats officiellement menés contre une résurgence de la menace fasciste. L'événement contribue à souder la population autour du thème du patriotisme et de la grandeur du pays. Pour une majorité de Russes, la fête de la victoire est d'ailleurs considérée comme l'événement le plus important de l'année.
« Nous nous souvenons de la rencontre des Alliés sur l'Elbe »
Le président Vladimir Poutine a longuement évoqué l'héritage de la Seconde Guerre mondiale : « La grande victoire restera toujours au sommet de l'histoire de notre pays. Nous nous souvenons aussi de nos alliés de la coalition anti hitlérienne. Nous sommes reconnaissants aux peuples de la Grande-Bretagne, de la France, des Etats-Unis pour la part qu'ils ont pris dans la victoire. Nous nous souvenons de la rencontre historique des Alliés sur l'Elbe, de la confiance et de l'unité qui sont devenus notre héritage commun , exemple de l'union des peuples pour la paix et la stabilité ».
« Ces valeurs, a encore lancé M. Poutine, ont été à la base de l'ordre mondial après la guerre. L'Organisation des Nations unies a été créée, le système actuel de droit international a vu le jour. Ces institutions ont prouvé leur efficacité dans la résolution des tensions et des conflits . Pourtant au cours des dernières décennies, ces principes de coopération internationale sont de plus en plus souvent ignorés. Nous avons vu les tentatives de créer un monde unipolaire. Cela mine la stabilité du développement mondial. Et notre tâche commune doit être le developpement d'un système de sécurité égal pour tous les Etats ».
De nombreux absents
Soixante-huit chefs d'Etat et de gouvernement ont été invités. Officiellement, la diplomatie russe a annoncé que 26 chefs d'Etat et d'organisations internationales avaient répondu à l'invitation de Moscou. Le Cubain Raul Castro est arrivé dès mardi, suivi du président indien Mukerjee et du chinois Xi Jinping. Ces trois hôtes de marque ont eu droit à des entretiens bilatéraux avec le président Poutine. Les chefs d'Etat du Vietnam, d'Egypte, de la République tchèque et d'Afrique du Sud, également présents, sont aussi reçus par le président russe.
Plusieurs chefs d'Etat d'Europe centrale sont à Moscou, mais le Tchèque et le Slovaque n'étaient pas au défilé, contrairement au Bosnien et au Macédonien. Quant à la Serbie, elle est non seulement représentée au plus haut niveau, mais des soldats serbes ont défiler avec leurs alliés traditionnels russes.
Les Etats de la CEI ont également répondu présents à l'exception notable de la Biélorussie. Alexandre Loukachenko, qui a pris ses distances avec Moscou depuis la crise ukrainienne a justifié son absence par des cérémonies, chez lui, à Minsk. Les autres pays de l'ex-URSS - Géorgie, Pays baltes et bien sûr Ukraine - ne sont pas représentés.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras est finalement absent. Si n’y a pas non plus de représentant français au défilé, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius aura déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu alors que la chancelière allemande Angela Merkel sera à Moscou dimanche.