Législatives au Royaume-Uni: politiques et militants mobilisés

Au Royaume-Uni, près de 45 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour les législatives ce jeudi 6 mai. Les résultats définitifs ne seront connus, au plus tôt, que demain après-midi. Les différentes personnalités politiques ont déjà voté et il risque d'y avoir de la fébrilité dans l'air.

Devant une école d’art transforme en bureau de vote dans Gower Street, une femme comptabilise tous les électeurs qui viennent voter. Elle porte sur sa poitrine le sigle des travaillistes. C’est une militante qui surveille depuis ce matin le bon déroulement du scrutin. Et en cette fin d’après-midi, il y a une forte affluence dans ce bureau de vote, nous rapporte notre envoyée spéciale à Londres, Béatrice Leveillé.

Les principaux leaders ont donné l'exemple en allant voter dans leur circonscription de bonne heure. On s'attend à une participation plus élevée que d'habitude, car l'incertitude de ce scrutin (voir encadré) motive plus d'électeurs, tout comme la possibilité de voter par correspondance et par Internet, indique notre correspondante Muriel Delcroix. Les bureaux de vote ont été installés dans des écoles, des églises, mais aussi, plus insolite, dans un bus de ramassage scolaire, une laverie automatique et même un pub, ce qui permet aux électeurs de prendre une pinte de bière après avoir rempli leur devoir civique.

Alors que de nombreux Britanniques s'avouent indécis, les militants de chaque parti redoublent d'énergie pour pousser les gens à aller aux urnes. Des volontaires auront frappé aux portes toute la journée pour s'assurer que les électeurs vont voter et même leur proposer de les amener jusqu'aux bureaux de vote s'ils ont des difficultés à se déplacer, notamment les personnes âgées. Une tradition surnommée knocking up.

La clôture des urnes n’aura lieu qu’à 23h, heure de Paris. Les chaînes de télé devraient donner peu après les premières estimations. Mais comme les résultats s'annoncent extrêmement serrés, il faudra attendre les premiers résultats officiels, au cœur de la nuit et surtout vendredi matin, pour avoir une première idée du rapport de force aux Communes. Les derniers résultats ne devraient pas tomber avant vendredi après-midi.


La fin du multipartisme

La grande incertitude de ce scrutin s'explique par la perte d'influence au fil des décennies des deux principaux partis britanniques. Les conservateurs et les travaillistes, qui monopolisaient plus de 90 % des suffrages dans les années 50, peinent aujourd'hui à atteindre 60 % des intentions de vote.

Comment en est-on arrivé là ? Les électeurs disent ne plus faire confiance à la classe politique dominante qui ne tient pas ses promesses et dont ils trouvent les programmes trop similaires et éloignés de leurs préoccupations locales. Beaucoup de Britanniques ont d'ailleurs critiqué l'establishment londonien muré dans le Parlement de Westminster. C'est un ras-le-bol dont ont profité abondamment les petites formations comme le Ukip populiste de Nigel Farage, les Verts et les partis nationalistes qui ont la particularité dans un royaume qui compte quatre nations d'envoyer à Westminster des députés pour défendre leurs intérêts régionaux.

Cette fois, les Gallois du Plaid Cymru, les Nord-Irlandais et surtout le SNP indépendantiste écossais ont réussi à faire entendre leurs revendications haut et fort. Les électeurs se disent séduits par des discours qui parlent de changement et ne veulent plus voter utile. Et cet éparpillement des voix va nuire aux Tories et au Labour. S'ils veulent gouverner, l'un ou l'autre devra donc composer avec des partis jusque-là secondaires qui pourraient détenir les clés de l'entrée à Downing Street.

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