Ingénieurs, architectes, médecins ou avocats, les 26 membres du collectif Taksim Solidarité présents dans le box des accusés risquaient jusqu'à 13 ans de réclusion, dans ce procès que les ONG de défense des droits de l'homme ont qualifié de « procès de la honte ». Et c'est faute de preuves suffisantes que le juge a abandonné les poursuites, tout en lançant un avertissement aux accusés : « Faites attention à ce qu'il n'y ait pas de violence », a-t-il dit à cette septième et dernière audience.
C'était un procès absurde qui avait pour seul objectif de faire de Taksim Solidarité une organisation criminelle, a réagi immédiatement la secrétaire générale du collectif, alors qu'un autre de ses membres avait déclaré à la barre « il n'y a aucune violence dans les activités de Taksim Solidarité ».
Fin mai 2013, la mobilisation d'une poignée de militants écologistes opposés à la destruction du parc Gezi, situé près de la place Taksim à Istanbul, a été suivie d'une violente intervention des forces de l'ordre. Elle a déclenché une vague de contestation politique sans précédent contre l'autoritarisme du président Recep Tayyip Erdogan qui était au moment des faits Premier ministre du gouvernement turc islamo-conservateur.
Un acquittement surprenant
Pour les autorités turques, ce sont les « leaders » du grand mouvement de protestation qui avait ébranlé le pouvoir en 2013. Des « terroristes », des « vandales », avait dit à l'époque Recep Tayyip Erdogan.
L'acquittement de ces 26 militants est donc une décision surprenante, souligne notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette, tant les tribunaux turcs ont l'habitude depuis des mois d'appliquer des sentences sévères contre des activistes opposés au régime du président Erdogan. Pourtant, cette fois-ci, l'accusation n'a pas pu prouver les allégations de « rassemblement illégal » et surtout de « conspiration » contre les accusés. Un procès, qui prend donc fin quelques semaines à peine avant des élections législatives capitales pour le parti au pouvoir.
Les militants acquittés se sont donné rendez-vous vendredi, pour le grand rassemblement du 1er mai. Un rassemblement interdit par les autorités d'année en année, mais traditionnellement le plus important pour les opposants à Recep Tayyip Erdogan.