Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme bastion
Leur seul délit est d’avoir installé leur tente au centre de la ville d'Izmir, en signe de solidarité avec les campeurs du parc de Gezi à Istanbul. Mais pour la justice, ces jeunes auraient basculé dans une dérive criminelle.
Le verdict est plutôt clément, puisque les cinq adolescents risquaient un à quatre ans de prison, et qu’en plus les peines de quatre d’entre eux ont été commuées en amendes et mises en sursis, avec cinq ans de mise à l’épreuve. Il n’en reste pas moins que ce procès est le premier, parmi la longue liste des procédures engagées contre les millions de manifestants descendus dans les rues au cours de ce mois de juin insurrectionnel, à se conclure sur une condamnation, alors que jusque-là, les tribunaux avaient prononcé des non-lieu et des relaxes, défendant le droit de manifester et la liberté d’expression.
En fait, ce qui frappe ici, c’est surtout la violence de l’assaut de la police, puisque l’un des manifestants condamnés, Tonbul, aujourd’hui âgé de 17 ans, avait été grièvement blessé par un tir de gaz lacrymogène à bout portant. Son crâne avait été très endommagé et le jeune homme avait été miraculeusement sauvé après de multiples opérations. Aujourd’hui encore, sa boîte crânienne présente une large cavité, comme si on lui avait retiré un quart de son volume initial.
Les membres de la Chambre des architectes d'Istanbul, qui avaient eux aussi pris une part active dans la contestation des projets d'urbanisation du parc Gezi l'an dernier, viennent de se voir imposer une autorisation préalable avant tout départ hors du territoire turc.