Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
L’opposition a presque tout tenté, ces deux derniers mois, pour empêcher l’adoption de ces dispositions qualifiées de liberticides, car elles décuplent les prérogatives de la police, pourtant déjà très larges. Sur les plus de 130 articles que devait contenir cet arsenal, une bonne moitié avait été renvoyée en commission par le parti de gouvernement, histoire de calmer les critiques, notamment à la veille du printemps kurde.
Et finalement, le paquet a été ficelé avec les seules premières mesures adoptées, les plus radicales de toute façon, sans quoi il aurait été impossible de passer en revue l’ensemble des lois avant les vacances parlementaires. L’opposition, comme le député Akin Birdal, ancien président de l’Association des droits de l’homme (IHD), fulmine : « Ces lois contreviennent aux droits de l’Homme, elles réduisent, voire abolissent, les droits et libertés fondamentales, s'insurge-t-il. Elles ignorent le droit et ouvrent la voie à l’oppression et à la tyranie. C’est pourquoi c’est un dispositif antinomique à la démocratie, à la justice et à la paix. »
Les partis kémaliste du CHP, et pro-kurde du HDP, ont immédiatement demandé l’annulation du dispositif par la Cour constitutionnelle, car, estiment-ils, il entrave sérieusement la liberté de faire campagne pour le scrutin à venir. Le département d’Etat américain a lui aussi dénoncé ces restrictions à la liberté d’association et de manifestation.
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