Avec notre correspondante à Berlin, Blandine Milcent
Le tribunal a avancé la même argumentation que celle qui avait motivé le référé au mois d'août. A savoir qu'en proposant des chauffeurs particuliers qui n'ont pas la licence de chauffeurs de taxi, Uber ne respecte pas la loi.
De fait, l'application Uber Pop met les chauffeurs privés dans l'illégalité, et Uber doit cesser cette activité dans toute l'Allemagne. Le tribunal considère que cette application Uber Pop est accessible partout, et donc elle doit être interdite au niveau national.
Actuellement Uber propose ce service dans cinq villes d'Allemagne (Francfort, Berlin, Hambourg, Munich et Düsseldorf). Et risque 250 000 euros d'amende pour toute infraction constatée.
Uber va faire appel de cette décision, car pour l'entreprise californienne, cela va à l'encontre de la liberté d'entreprise en Europe. Et le porte-parole de Uber a estimé qu'il s'agissait d'une défaite « pour la société toute entière », car les trajets en taxi, selon lui, vont rester chers et peu accessibles.
Des taxis aux anges
De leur côté, les chauffeurs de taxis, eux, sont très satisfaits. C'est une centrale de taxi à Francfort qui avait saisi la justice en dénonçant, comme partout ailleurs en Europe, un modèle économique ne respectant pas la concurrence.
La presse allemande va aussi dans ce sens sur le thème. Pour elle, Uber n'est pas une start-up qui fait dans l'économie partagée : c'est une entreprise qui ne respecte pas les standards sociaux. Cela arrive dans un contexte où les entreprises de taxis doivent payer le salaire minimum depuis le début de l'année, et elles s'estiment fragilisées par cette mesure.
C'est le revers juridique le plus important pour Uber. Jusqu'à présent, les interdictions étaient locales : à Berlin en avril 2014, puis Hambourg un peu plus tard, c'est le service Uber Black qui avait été interdit, c'est-à-dire le service qui fournit des chauffeurs professionnels au volant d'une limousine louée.
A l'origine de la plainte, là encore, des chauffeurs de taxis. L'Allemagne est le premier marché d'Europe, c'est un pays où le covoiturage existe depuis très longtemps et marche très bien. L'arrivée de Uber sur ce marché fait forcément très peur.