Incertitude sur l'effectivité du cessez-le-feu dans l'est ukrainien

Dans l’est de l’Ukraine, le cessez-le-feu semblait toujours tenir jusqu'à ce vendredi 27 février au matin. Kiev avait donc commencé à retirer ses armes lourdes du front, les forces loyalistes et séparatistes ayant deux semaines selon l’accord trouvé le 12 février pour retirer troupes et armes. Mais ce vendredi, l'armée ukrainienne annonce avoir perdu trois soldats supplémentaires en 24 heures.

La trêve semblait tenir sur le terrain. L'armée ukrainienne n'avait déploré aucun mort au cours des deux précédents jours, laissant espérer un véritable respect du cessez-le-feu. Mais trois soldats ukrainiens auraient été tués en 24 heures dans l’est séparatiste pro-russe, selon un porte-parole militaire de Kiev.

La veille, l'état-major avait pourtant annoncé que le retrait des canons de 100 millimètres avait commencé de son côté. Cette première étape devait prendre deux jours et être suivie du retrait des lance-roquettes multiples Grad et autres pièces lourdes, d'après un porte-parole militaire ukrainien cité par l'Agence France-Presse.

Jusqu'à l'annonce de l'armée ukrainienne, les deux parties semblaient donc entamer le retrait de leurs armes lourdes de la ligne de démarcation, puisque les séparatistes avaient affirmé mercredi qu’ils avaient commencé à retirer les leurs à Donetsk - même si les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) n’ont pas pu le confirmer puisque les rebelles, expliquent-ils, restreignent leurs mouvements et ne leur fournissent que peu d’informations.

Doute persistant autour de Marioupol

Il faut dire que les Etats-Unis, bien que relevant jeudi un « léger » mieux dans le conflit, ont dénoncé eux aussi des violations du cessez-le-feu. Il faut dire aussi, et surtout, que les forces de Kiev dénoncent également une « concentration des troupes ennemies » près de Marioupol, y compris des renforts russes, alors que selon l'Otan, Moscou a transféré ces derniers mois plus de 1 000 pièces d’armement lourd dans l’est de l’Ukraine.

Les autorités ukrainiennes avaient déjà averti qu'elles étaient prêtes à « revoir le calendrier du retrait en cas de tentative d'assaut » de la part des rebelles pro-russes sur ce grand port industriel de 500 000 habitants situé sur les bords de la mer d'Azov. Et lors d'une déclaration retransmise à la télévision, le président Petro Porochenko avait lui aussi prévenu ce vendredi matin : « A n'importe quel moment, nos militaires sont prêts à repositionner les équipements au niveau des anciennes lignes et à rapidement repousser l'ennemi. »

Dans la région de la mer d'Azov, la situation reste instable

Le front n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de Marioupol, où se trouvent actuellement nos envoyés spéciaux Anastasia Becchio et Boris Vichith. Et la situation reste assez instable ; nos confrères relatent que des échanges de tirs à l'arme automatique ont eu lieu jeudi à 30 kilomètres au nord-est de la ville.

La grande crainte, c'est que Marioupol devienne le prochain objectif des séparatistes. Ces derniers ne le cachent d'ailleurs pas : ils considèrent que ce port doit leur revenir, même s'ils ne prévoient pas d’attaque dans l’immédiat. Sa prise constituerait une étape clé pour relier la Russie à la Crimée, que Moscou a annexée il y a près d'un an. Selon Andrii Lyssenko, la ville a été survolée par sept drones en 24 heures.

Au sein de la population de Marioupol, certains redoutent que leur ville se retrouve sans défense en cas de nouvelle attaque, compte tenu du retrait des armes lourdes engagé côté ukrainien. D'autres estiment même qu'elle pourrait faire l'objet de marchandages entre les séparatistes et Kiev.

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