Chutes hors normes de neige en Turquie: Istanbul paralysée

Istanbul et une bonne partie de la Turquie sont paralysées par une épaisseur de neige inhabituelle : près de 50 cm, après 48 heures de chutes de neige quasi ininterrompues. Les transports et les communications sont quasiment à l’arrêt, les écoles et presque toute activité humaine sont suspendues.

De notre correspondant à Istanbul

C’est un véritable décor de carte postale. De ces photos que l’on prend une fois tous les 20 ou 30 ans, peut-être, avec les dômes de Sainte-Sophie et les nombreuses mosquées de la ville écrasées sous un épais trait blanc. Il arrive régulièrement, presque chaque hiver, que ces monuments soient finement saupoudrés de blanc, ou presque de gris. Ils sont quasiment méconnaissables.

Le parc Gezi, où il y avait eu une protestation qui avait duré plus d’un mois il y a un an et demi - à côté de la place de Taksim -, avec ses pelouses en dévers, est aujourd’hui une piste de ski et de luge pour les amateurs, surtout des enfants. Partout d’ailleurs dans la ville, ils font des bonhommes de neige et s’amusent à glisser sur des engins de fortune, parce que la ville est faite de collines qui s’y prête particulièrement bien, mais aussi parce qu’il y a une quantité de neige assez inhabituelle et qu'elle s'avère assez propice.

Bien entendu, toutes les écoles sont fermées et il n’y a plus le moindre transport en commun, y compris aérien. Les deux aéroports d’Istanbul sur les deux rives de la ville sont fermés depuis mercredi, après la sortie de piste d’un avion de la Turkish Airlines. Plus de bateaux non plus, pas plus de bus, et plus du tout de voitures ; c’est très agréable, parce que la ville est prise dans un silence impressionnant.

Fait divers dramatique

Mais la neige serait aussi à l’origine d’un fait divers dramatique : la mort d’un journaliste mardi soir. C’est un peu la violence ordinaire devenue chronique dans ce pays. Tout est parti d’une simple boule de neige. Ce journaliste s’appelait Nuh Köklu, qui s’amusait avec des amis à jeter quelques boules de neige. L’une d’elles a atterri sur la vitrine d’une épicerie et le commerçant est sorti fou de rage, pour se faire justice, armé d’un bâton d’abord, puis d’un long couteau à pain. Dans la bagarre, le journaliste a glissé et s’est retrouvé par terre. C’est là qu’il a été poignardé. Il n’a pas pu être sauvé.

Ce drame a choqué l’opinion publique, alors que déjà, le pays est bouleversé par la mort d’une jeune étudiante, qui a été retrouvée morte après avoir été violée dans le sud du pays. Depuis cet incident dramatique, on voit partout sur les devantures des magasins, des affichettes en guise de solidarité, qui annoncent qu’ici, les batailles de boules de neige sont autorisées.

 

Partager :