Ukraine: le cessez-le-feu approche et le pessimisme grandit

Le cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, signé jeudi, doit entrer en vigueur ce samedi soir, à minuit, heure locale. C’est un premier test crucial pour les accords de Minsk 2. Pourtant, ce vendredi a été à nouveau meurtrier autour des deux Républiques sécessionnistes du Donbass, faisant peser de lourdes menaces sur l'application de la trêve.

Ce vendredi, le président ukrainien Petro Porochenko a accusé la Russie d’avoir « significativement augmenté » son offensive contre l'Ukraine depuis les accords de Minsk 2, estimant que ceux-ci sont « en grand danger ».

Une trentaine de personnes ont été tuées côté ukrainien ce vendredi, dont la moitié de civils, rapporte notre envoyé spécial à Kiev, Régis Genté, notamment autour de la région de Debaltseve, qui représente une poche pénétrant profondément dans le territoire saisi par les séparatistes pro-russes, et qui est en outre un important nœud ferroviaire.

A l’issue du sommet de Minsk, jeudi matin, Vladimir Poutine a lui-même encouragé les 6 000 à 8 000 soldats ukrainiens qui seraient encerclés dans cette poche, à « déposer leurs armes ».

Mais Kiev accuse Moscou d’avoir massé de l’armement autour de la localité, ces jeudi et vendredi. Ce que semble confirmer la mission d’observation de l’OSCE, qui a été témoin de « mouvements significatifs » de convois militaires.

Ce samedi, l'armée ukrainienne a fait état d'une « tentative d'assaut rebelle avec des lance-roquettes multiples et des chars », contre ses positions aux abords sud-est de Debaltseve. La ville sera-t-elle prise ce soir par les forces pro-russes ? Si non, lesdites forces sont-elles prêtes à tuer dans l’œuf les accords de Minsk ?

Concert de scepticismes

Cette situation semble en tout cas corroborer le pessimisme qui prévaut dans les pronostics quant à l’application des accords. De l'avis général, ceux-ci n’assurent qu'un semblant de paix et ne prévoient pas de mécanismes concrets pour régler les questions litigieuses.

La chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini s’est montrée vendredi la plus optimiste parmi les dirigeants européens, en estimant que le cessez-le-feu pourrait être « le premier pas » vers une résolution de la crise, si bien sûr il se concrétisait.

Le président ukrainien Petro Porochenko a été beaucoup plus pessimiste, en lançant devant les militaires qu'il ne fallait « pas avoir d'illusions » quant à l'avenir des accords de paix. « Il y a encore un long chemin à parcourir avant d'arriver à la paix. Personne ne peut être absolument certain que les conditions d'une paix fixées à Minsk seront remplies », a-t-il averti.

Quant à la chancelière allemande Angela Merkel et au président français François Hollande, qui ont participé également au sommet de Minsk, présenté comme celui de la « dernière chance », ils ont dès jeudi laissé entendre qu'il y aurait des difficultés à appliquer l’accord. Ils ont menacé la Russie de lui imposer de nouvelles sanctions si la trêve échouait.

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