Avec notre envoyé spécial à Marioupol, Sébastien Gobert
A Kramatorsk, l’exil prend la forme de petits bureaux encombrés éparpillés dans le bâtiment de la mairie. Les employés de l’administration régionale, pour la plupart évacués de Donetsk en août, s’y efforcent de remettre sur pied un système fonctionnel. La tâche est colossale, et personne n’aide les fonctionnaires, comme l’explique Ilya Susdalev : « Maintenant, j’ai un lit dans un internat. C’est tout. Ici, il n’y a aucune ressource disponible. Regardez, je ne peux pas transporter ces feuilles d’imprimantes vers un autre endroit, tout simplement parce que l’administration ne peut plus mettre d’essence dans ses voitures ! »
Les employés doivent fournir leurs propres ordinateurs pour travailler. Le tout pour un salaire moyen équivalent à 100 euros. Selon la formule consacrée, Olena Malioutna dit travailler pour l’enthousiasme : « L’administration doit se reconstruire à partir de rien. Avant, nous avons cru que la situation allait se calmer, que l’on pourrait rentrer dans nos anciens locaux. Maintenant, on ne pense même plus, on ne fait qu’espérer. »
Olena Malioutna avoue ne pas comprendre la manière dont le gouvernement central mène cette guerre. Mais elle ne pense pas démissionner. Comme elle le dit, des millions de personnes sont dans une situation pire que les employés de l’administration, et n’ont même plus de raisons d’espérer.