C'est autour de Debaltseve que les combats étaient les plus violents. Les troupes de Kiev y sont pratiquement encerclées par les rebelles, qui tentent de reprendre ce nœud ferroviaire situé à mi-chemin entre Donetsk et Lougansk, les capitales des deux territoires séparatistes.
Le bilan est lourd : onze soldats ukrainiens au moins ont été tués dans ces combats, et 40 ont été blessés, selon un porte-parole militaire ukrainien. Des civils ont également péri, 27 personnes au total ont été tuées ces dernières 24 heures. Trois civils sont morts à Lougansk dans les bombardements et deux autres dans la ville de Sciascia, située à 20 km au nord de Lougansk et contrôlée par l'armée ukrainienne.
La trêve devrait entrer en vigueur, en principe, ce samedi à minuit, mais il n'est pas sûr du tout qu'elle sera respectée. Lors des négociations de Minsk, les Russes voulaient une semaine de plus. En tout cas, selon des déclarations recueillies par l'Agence France Presse auprès des rebelles, ces derniers n'ont pas vraiment l'intention de respecter le cessez-le-feu. Et puis de nombreux russophones de la région, entre 2 000 et 4 000 par jour, continuent à se réfugier en Russie.
Le G7 appelle au « strict respect » des accords de Minsk
Petro Porochenko, qui souhaitait un cessez-le-feu immédiat, a estimé que la Russie a « significativement augmenté » son offensive contre l'Ukraine depuis les accords de Minsk. Les rebelles séparatistes de l'est de l'Ukraine « attaquent les accords de Minsk » en bombardant des populations civiles, a accusé le président ukrainien. « Nous pensons toujours que les accords de Minsk sont en grand danger », a-t-il dit, prévenant : les prochaines 48 heures risquent d’être très tendues.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays du G7 (Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume Uni, Etats-Unis), le président du Conseil européen, et le président de la Commission européenne ont apporté leur soutien aux accords de Minsk et se sont dits préoccupés par la situation en Ukraine. Ils ont exigé que « toutes les parties respectent strictement les dispositions » de l'accord de Minsk signé jeudi et se sont dits « prêts à adopter » des sanctions contre ceux qui violeraient cet accord, selon un communiqué transmis vendredi par la présidence française.
■ Analyse
Anne de Tinguy, professeur des universités à l’Inalco et à Sciences Po Paris, spécialiste de la Russie, s’interroge sur la situation en Ukraine.
« Je pense que Mme Merkel et M. Hollande sont sincèrement désireux d’arriver à une sortie de crise. Ils ne semblent pas être très optimistes sur le respect de cet accord. La clé du conflit est à Moscou. Si le président Poutine décide de cesser de soutenir les séparatistes, de très nombreux experts sont d’accord pour estimer que ce conflit se videra de sa substance », explique la politologue.
« M. Porochenko, lui, il est au cœur de la tourmente, donc il sait encore mieux que Mme Merkel et M. Hollande à quel point il est difficile d’obtenir quelque chose de la part de la Russie. M. Porochenko peut ne pas être très optimiste. En plus, M. Porochenko, en tant que président de l’Ukraine, a une opinion publique dont il faut qu’il se soucie et il n’est pas sûr que, à la fois ses partenaires politiques et l’opinion publique ukrainienne, approuvent tout ce qui s’est passé à Minsk. Ça, il est encore trop tôt pour le dire. Et si le cessez-le-feu n’est pas respecté, ils ne vont pas être contents. »