Naufrage de Lampedusa: les côtes libyennes échappent à tout contrôle

Au moins 300 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée après le naufrage de plusieurs embarcations parties de Libye le week-end dernier. Elles transportaient des migrants venus principalement du Mali et du Sénégal. Des rescapés ont accosté à Lampedusa en début de semaine.

Avec notre envoyée spéciale à Lampedusa, Anne Tréca

A Lampedusa, c’est le calme après la tempête. Ce jeudi, les quatre bateaux et un submersible du secours en mer sont restés au port. Les volontaires, médecins, infirmières parties chercher les rescapés au début de la semaine sont fatigués et éprouvés, une psychologue est arrivée pour les soutenir.

A la pointe sud de l’île, face à l’Afrique, un monument est couvert d’un étendard noir. C’est la porte de l’Europe et elle porte le deuil des morts. Le curé organisait ce jeudi soir une procession. On attend des renforts de patrouilleur, d’un jour à l’autre car le flux des migrants va continuer, ici tout le monde le dit. En Libye, ils sont des milliers encore à attendre de partir.

On sait que les côtes libyennes ont échappé à tout contrôle gouvernemental. Il n’y a plus de sauvetage en mer, plus d’interlocuteur pour les Italiens. Les trafiquants ont le champ libre et les rescapés racontent qu'ils sont parqués dans des hangars pendant des semaines, emprisonnés sans pouvoir se laver et à peine nourris. On leur confisque leur téléphone portable, leur argent et tout ce qu’ils possèdent.

Un matin, on les forces à embarquer. Des hommes armés bastonnent les récalcitrants, comme Buba qui ne voulait plus partir. Il avait trouvé un travail de manœuvre en Libye et on l’a forcé à monter sur le zodiac malgré la tempête. Avec un peu d’essence et quasiment sans nourriture, ils ont vu des vagues hautes comme trois étages d’immeubles et des dizaines de leurs compagnons d’infortune se noyer.

Partager :