Ukraine: les rebelles pro-russes lancent une offensive sur Debaltsevo

Les combats se poursuivent dans l’est de l’Ukraine. Les rebelles pro-russes ont lancé, mercredi 28 janvier, une offensive sur la ville de Debaltsevo, sous contrôle ukrainien. La zone se trouve quasiment encerclée par les combattants séparatistes. Les localités voisines sont également la cible de bombardements. Petro Porochenko, le président Ukrainien, de son côté, a appellé les rebelles à des pourparlers d'urgence pour un nouveau cessez-le-feu.

Avec nos envoyés spéciaux à Svitlodarsk, Boris Vichith et Anastasia Becchio

A Svitlodarsk, petite ville sous contrôle ukrainien qui comptait 13 000 habitants avant le début du conflit, un employé municipal annonce à voix haute les noms de femmes et d’enfants qui s’empressent de monter dans deux autocars. Une foule animée l’entoure. L’anxiété et l’impatience se lisent sur les visages.

Olena Lifikova, sa fille de 3 ans et sa mère septuagénaire assise sur de grands sacs, resteront sur la touche ; elles ne sont pas sur la liste. « Je ne sais pas quand ils nous prendront. Moi, je voudrais partir au plus vite, se désole-t-elle. A midi, je dois faire une piqure d’insuline à ma fille. Elle est diabétique. Il faut m’aider à sortir d’ici. Je veux aller n’importe où, pourvu que ça ne bombarde pas. On a déjà fui les combats à Debaltsevo et maintenant on fuit d’ici. »

À l’abri dans une cave

Olena et sa mère tirent leurs grands sacs vers des immeubles voisins. Elles iront se mettre à l’abri dans une cave, en espérant être sur la liste des personnes évacuées dans le prochain convoi. Dans son bureau, le maire Anatoli Brekhounets explique que les évacuations de femmes et d’enfants sont organisées par la direction de la centrale électrique, le principal employeur de la ville.

Les familles de ses employés sont donc les premières servies. Pour les autres, c’est moins clair pour l'instant. Il explique : « Pour ceux qui ne travaillent pas à la centrale, on s’est mis d’accord avec le pouvoir régional, on est en train d’élaborer des listes de candidats au départ. Et quand on aura une idée du nombre d’enfants et de femmes à évacuer, on mettra ça en place rapidement. »

L’hôpital du coin évacué

Les séparatistes tentent d’encercler l’armée ukrainienne qui tient la ville à Debaltservo, l’un de leurs objectifs. Mais les obus arrivent jusqu’à Svitlodarsk, à une vingtaine de kilomètres. Mardi, l’hôpital de la ville a été atteint par un missile en provenance. Dans les décombres, Svetlana Ponomarenko, infirmière en chef de l’unité d’infectiologie de l’hôpital de Svitlodarsk, s’active à sauver ce qui peut encore l’être : un appareil médical, des lits, des matelas.

« Regardez comment tout ça a été bombardé, déplore-t-elle. Le premier étage, ce ne sont plus que des ruines. On avait ici cinq patients et quatre soignants. Ils sont tous sains et saufs. Ils s’en sont sortis, parce qu’ils se trouvaient dans cette aile, au rez de chaussée. »

Des patients transférés

Dans l’hopital désert, il ne reste plus que quelques militaires, qui montent la garde. Malades et blessés doivent aller dans la ville voisine d’Artémivsk, où là aussi, les tirs d’artillerie résonnent. Alla fait partie de la bridage médicale mobile de la garde nationale ukrainienne. Il raconte l'écavuation des malades :

« Dès que les premiers bombardements ont commencé dans la ville, on a commencé à évacuer les gens. Mercredi dans la matinée, on avait eu le temps d’évacuer une bonne partie des patients, puis il y a eu ce bombardement. Quand ça s’est terminé, on a évacué les 21 personnes restantes. Au total, on a emmené 68 personnes dans la journée, et on les a envoyées à l’hôpital de Kharkiv. »

Echange de prisonniers

Pendant les combats, les négociations pour les échanges de prisonniers se poursuivent, mais elles sont plus délicates. Mercredi, les deux parties ont procédé à un échange de prisonniers à Donetsk. Un soldat ukrainien blessé à l'aéroport de la ville la semaine dernière, contre un combattant séparatiste.

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