Avec notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard
« Quoi qu'il arrive la Grèce a un gouvernement. » C'est ce qu'a annoncé le leader des Grecs indépendants à la sortie de sa rencontre avec Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre. La gauche radicale de Syriza formera donc bien une coalition avec ce parti nationaliste, mais anti-austérité qui n'a obtenu que 4,7 % des voix, et treize sièges. Il s'agit d'un premier pas, même si les discussions ne sont pas encore terminées.
L'entrevue a été plutôt rapide ce lundi matin. En trois-quart d'heure, la décision a été prise. A la sortie, Panos Kammenos a indiqué qu'ils avaient trouvé un objectif commun : avancer vers quelque chose de neuf, dans le respect de la souveraineté nationale, de la démocratie et de la Constitution.
Alexis Tsipras doit maintenant rencontrer l'actuel président de la République, Carolos Papoulias en milieu d'après-midi. Le leader de Syriza déposera alors sa demande pour la formation d'un gouvernement. C'est une coalition pour le moins étonnante. Syriza et les Grecs indépendants ont des positions très éloignées.
D'un côté, on a un parti classé à la gauche des socialistes grecs. De l'autre, un parti souverainiste et populiste issu d'une scission de la frange la plus à droite des conservateurs de la Nouvelle démocratie. Malgré ça, cette association était pressentie depuis plusieurs semaines, car les deux partis rejettent les politiques d'austérité imposées par Bruxelles et le Fonds monétaire international.
Enfin, il reste encore une inconnue. Dans la journée, Alexis Tsipras devrait également rencontrer Stavros Theodorakis, le leader du parti La rivière créé il y a à peine un an, classé centre-gauche, libéral sur le plan économique. Arrivé en quatrième position, il faisait aussi partie des favoris pour former un gouvernement.
A la recherche d'une stabilité
Tout l'enjeu est d'obtenir un gouvernement stable, plus stable en tout cas que la coalition sortante, celle des conservateurs et des socialistes qui n'avait que 155 sièges sur 300.
En effet, la gauche radicale devra négocier avec la troïka (UE-BCE-FMI) pour la fin du deuxième plan d'aide et cela ne va pas être facile, car le Fonds monétaire international et l'Union européenne comptent plutôt maintenir l'austérité. Les négociations seront d'autant plus difficiles qu'Alexis Tsipras a appelé à la disparition de cet organe de supervision : « Le verdict du peuple grec signifie la fin de la troïka », a-t-il encore lancé au soir de la victoire de son parti, ce dimanche.
Enfin, une autre négociation difficile attend Syriza : celle de la restructuration de la dette colossale du pays qui représente actuellement 175 % de son PIB.