Grèce: vers un nouvel équilibre Nord-Sud en Europe?

La victoire du parti de gauche radicale Syriza aux élections législatives de dimanche en Grèce semble être accueilli avec inquiétude dans plusieurs pays de l’Union européenne. Le vote de la Grèce va-t-il entraîner un nouvel équilibre au sein de l’Europe ?

A court terme, il n’y aura sans doute pas de changements majeurs. Certes, la victoire de la gauche radicale en Grèce constitue une première à l’échelle du continent, mais le pays, dont l’économie ne représente que 2 % de l’économie européenne, n’est pas en mesure d’imposer ses règles à l’Europe. Et, face à l’ampleur des problèmes internes, le nouveau gouvernement grec sera obligé de parler avec ses partenaires européens pour les résoudre.

En revanche, suite aux élections en Grèce, des voix s'élèvent pour réclamer une remise en question de la méthode de gestion de crise adoptée par l’Union européenne depuis plusieurs années. Selon ses détracteurs, l’austérité n’a pas donné de résultats escomptés et il ne faut plus l’appliquer à l’Europe. L’Allemagne et plusieurs autres pays du nord du continent y sont réticents. Mais si, en novembre, un autre mouvement de gauche radical obtenait un bon score, cette fois en Espagne, un nouvel équilibre Nord-Sud pourrait alors apparaître en Europe.

En attendant, hier, à Bruxelles, il y a eu le moment des félicitations, de rigueur en pareille circonstance, mais les compliments et les souhaits de pleine réussite adressés à Alexis Tsipras n’auront duré qu’un temps.

Bruxelles attend des propositions

« Il a voulu le pouvoir, maintenant qu’il gère la crise dans son pays puisqu’il prétend en être capable », disait ainsi un diplomate autrichien dans les couloirs du Conseil des ministres des Finances de l’Eurogroupe, rapporte notre correspondant dans les couloirs de la Commission, Quentin Dickinson.

Mais cet avis désabusé reste minoritaire tant les milieux européens sont persuadés que « c’est Syriza ou alors le retour des colonels », pour citer un négociateur italien. Donc à défaut d’avoir réussi à lui barrer la route du pouvoir, les hiérarques de l’Union européenne se retrouvent contraints non seulement de soutenir Alexis Tsipras, mais encore de souhaiter sa réussite.

Il n’empêche que, tant du côté de la Commission européenne que de celui de la Banque centrale européenne, on redit que la balle est désormais dans le camp des Grecs et que l’on attend leurs propositions, en tout cas dans les toutes prochaines semaines si Athènes veut toucher la prochaine tranche d’argent frais qui lui est destinée.

Et les milieux Européens ne cachent pas non plus qu’ils tiennent pour un premier faux pas de monsieur Tsipras, vis-à-vis de ses partenaires européens, que d’avoir choisi comme partenaire dans la coalition qu’il dirige un petit parti aux accents résolument souverainistes et populistes.

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