Des applaudissements nourris ont retenti dans l’hémicycle de la Rada, lorsque le résultat du vote s’est affiché sur l’écran : 303 voix pour, soit 77 de plus que le minimum requis pour que l’amendement adopté ait force de loi. Seuls huit députés ont voté contre. La réaction russe ne s'est pas fait attendre. Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a immédiatement fait savoir que l'abandon du statut de pays non-aligné par l'Ukraine, une décision jugée « absolument contre-productive », est de nature à « exacerber le climat de confrontation ».
Le texte avait été soumis au Parlement, la semaine dernière, par un président Petro Porochenko tout juste rentré d’une visite à Varsovie, en Pologne. Le chef de l’Etat ukrainien, qui accuse Moscou de soutenir militairement les forces séparatistes dans l'est du pays, avait expliqué que « l'agression » russe le forçait à se tourner vers l'Ouest. Dès son accession à la présidence, il avait d’ailleurs fait de l’appartenance à l’Otan, l’une de ses priorités en matière de politique étrangère.
C’est sous la pression du Kremlin que l’Ukraine avait rejoint le camp des non-alignés en 2010. Cela revenait à refuser de se joindre à une quelconque alliance militaire ou de s'impliquer activement dans un conflit armé, autrement dit à rester neutre comme la Suisse. Mais les événements de l’année écoulée, avec l'annexion de la Crimée, puis la guerre dans l'est du pays, ont poussé Kiev à revoir sa position.
Avant le vote, le Premier ministre russe avait déjà prévenu qu’il y aurait des conséquences négatives. En se rapprochant de l’Otan, « l’Ukraine pourrait devenir un pays ennemi », avait dit Dmitri Medvedev. Hasard du calendrier, au moment où les députés ukrainiens votaient, Vladimir Poutine accueillait ses homologues kazakh, kirghize, tadjik ou biélorusse, de l'Organisation du traité de sécurité collective, une organisation qui entend concurrencer l'Alliance atlantique.