Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
La rapide réaction des responsables européens, quelques heures après la rafle qui avait visé il y a huit jours les principaux dirigeants du groupe Zaman, a manifestement surpris les dignitaires turcs, qui depuis ne cessent de s’en offusquer. « Rendez-vous compte, a lancé le chef du gouvernement, même un dimanche, jour férié, l’Union européenne a fait une déclaration. En faisant cela, ils ont donné le signal d’une sale campagne contre le pays et notre gouvernement », s’est-il plaint.
Et de rappeler, en réponse aux critiques de Bruxelles, que l’affaire dont il est question, à savoir le nettoyage au sein des proches de la confrérie Gülen, n’a rien à voir avec une atteinte à la liberté de la presse qui, a-t-il ajouté, demeure garantie en Turquie.
Même si ses propos paraissent édulcorés par rapport à ceux du président Erdogan et même ceux du vice-Premier ministre Yalçin Akdogan qui sous-entendait que l’UE travaillait main dans la main avec la confrérie Gülen, le ton employé à Ankara à l’encontre des partenaires européens aggrave encore un contexte empreint d’incompréhension et de profonde défiance.
Au point que la visite à Bruxelles du Premier ministre Davutoglu, prévue en janvier, paraît compromise. Elle pourrait être rétrogradée en une tournée du ministre des Affaires étrangères, voire seulement du ministre des Affaires européennes.